Entrée libre et prix fixes, catalogues illustrés, animations et salon de thé… Il y a 150 ans, tout est déjà prévu pour que le bourgeois déambule dans les rayons. Et ouvre son porte-monnaie !
«Tout est nouveau, frais et joli», affirme la réclame. Bienvenue aux grands magasins ! Nous sommes au XIXe siècle et l’industrie est en plein boom.
Aristide Boucicaut révolutionne le commerce
C’est le moment pour Aristide Boucicaut de révolutionner le commerce. En 1852, dans son « magasin de nouveautés » parisien Au Bon Marché, les prix sont fixes.
Les clientes entrent librement – sans obligation d’achat : une nouveauté. Jusqu’ici il n’y avait que des échoppes spécialisées (chapellerie, bonneterie, corsetterie…). Surtout, les prix n’étaient pas affichés !
Le marchandage se faisait à la tête du client. Boucicaut innove à tout va. Il crée des saisons comme le « mois du blanc ».
Sa formule ?
Des petites marges réalisées sur des gros volumes. Et en cas d’invendus… on solde ! Vite imitées, ces recettes font le Bonheur des dames – titre d’un roman écrit en 1883 par Zola qui voit s’ériger ces « cathédrales du commerce ».
Le Tout-Paris de la Belle Epoque y flâne. A la Samaritaine, au Bazar de l’Hôtel de Ville, aux Grands Magasins du Louvre… on trouve de tout ! On peut tâter les étoffes, essayer les parfums…
Chaque enseigne propose ses divertissements : ici une salle de billard, là une bibliothèque. On gâte les enfants d’images publicitaires.
Comptez aussi sur un buffet garni de gâteaux et de rafraîchissements. Les retours sont acceptés et on peut même se faire livrer.
Un autre principe séduit, qui fait encore mouche aujourd’hui : « satisfait ou remboursé ». Ça paie ! Quelques mois après son immense rénovation, achevée en 1872, le chiffre d’affaires du Bon Marché est multiplié par 25. Et le lèche-vitrine devient un loisir.
Fashion victims
Pour susciter l’envie chez les bourgeoises, les grands magasins emplissent leurs catalogues d’illustrations où les vêtements sont pour la première fois montrés portés.
La publicité moderne s’ébauche et exporte dans le monde le mythe de la Parisienne, icône du chic.
Pause lecture entre deux emplettes
Pour retenir le chaland, les Galeries Lafayette ont cette idée de génie : proposer sur place des loisirs… Au salon de thé ou dans la salle de lecture, les élégantes se détendent pendant que les messieurs sont au fumoir.
L’art de la réclame
Pionnier des grands magasins, le Bon Marché développe très tôt des cadeaux publicitaires au nom de l’enseigne, de l’agenda aux produits de toilette pour bébés.
Des patrons philanthropes
En 1870, Marie-Louise Jay, ex-vendeuse, et son époux Ernest Cognacq, établissent leur magasin près du Pont-Neuf : la Samaritaine. Avec 25 millions de francs de recettes en 1890, la réussite de cette enseigne populaire est fulgurante.
Richissimes, les époux Cognacq-Jay s’investissent dans des œuvres de bienfaisance et exposent au public leur collection d’antiquités.
Félix Potin livre à domicile
Dès leurs débuts, les grands magasins livrent les commandes de leurs clients directement à domicile.
Les avenues parisiennes, tout juste percées par le baron Haussmann, facilitent le déplacement des voitures floquées au nom des enseignes, tel Félix Potin. Sillonnant la capitale, elles popularisent la marque.
Le 9 juillet 1855, le Tout-Paris s’est donné rendez-vous aux abords du Palais-Royal pour l’ouverture des Grands Magasins du Louvre (fermés en 1974). Les clients affluent sous cette verrière à structure métallique, dans le plus pur style Art nouveau – ceci plus de vingt ans avant la construction de la tour Eiffel ou de l’Opéra Garnier.
Tout pour les enfants
Ces nouvelles enseignes chérissent aussi les futurs consommateurs : à Noël, les vitrines s’emplissent de poupées. D’immenses sapins décorés s’érigent, notamment aux Galeries Lafayette. Il faut cependant attendre 1920 pour que le rayon jouets soit permanent dans la plupart des magasins.
Sans oublier la clientèle étrangère
Les grands magasins parisiens misent – déjà ! – sur le pouvoir d’achat des étrangers ou des touristes de passage dans la capitale. Comme le vante un éventail promotionnel de 1900 : au Bon Marché officient des “ interprètes dans toutes les langues ”.
Le coup des marques de distributeurs
Jusqu’ici les épiceries vendaient leurs produits en vrac. Mais Félix Potin, qui ouvre sa première boutique à grande échelle en 1860, décide de créer sa propre marque et se lance dans la fabrication manufacturée de denrées vendues empaquetées à son nom.
Un cinéma pour attirer le client
Dotés, sur leur toit, d’un phare électrique dont le rayon porte jusqu’à 24 km à la ronde, les Grands Magasins Dufayel – qui bordent le boulevard Barbès – mettent le paquet pour attirer les classes populaires. En plus d’un aquarium, d’une volière et d’une scène de théâtre, le bâtiment compte aussi une salle de cinématographe, la nouvelle invention des frères Lumière.
Source: www.caminteresse.fr
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