Le chef de l’État réunit jeudi après-midi les plus hauts fonctionnaires français pour leur annoncer une réforme de très grande ampleur de la haute fonction publique. Avec une mesure phare et symbolique, la suppression de l’École nationale d’administration.
C’est une mesure très forte et surtout extrêmement symbolique qu’Emmanuel Macron s’apprête à dévoiler. Le chef de l’Etat a en effet décidé de purement et simplement supprimer l’ENA, selon les informations d’Europe 1.
Il doit l’annoncer jeudi après-midi aux "managers de la fonction publique, c’est-à-dire les 200 à 500 plus hauts fonctionnaires français, dans le cadre d’une réforme de très grande ampleur de la haute administration française. Le président de la République honore là une promesse datant de la crise des gilets jaunes, sur laquelle il était pourtant dans un premier temps revenu.
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Nouveaux profils, nouvelle logique
Mais c’est donc finalement décidé : l’Ecole nationale d’administration, qui forme aujourd’hui l’élite de la haute fonction publique française, va disparaître pour laisser place à une nouvelle école. Emmanuel Macron souhaite ouvrir à de nouveaux candidats les grands corps de l’Etat, qui administrent aujourd’hui le pays, dont les plus connus sont l’Inspection des finances, le Conseil d’Etat ou encore la Cour des comptes.
Le chef de l’Etat veut attirer des profils plus variés venant des universités et plus uniquement de Sciences Po. Pour la formation, il doit aussi annoncer un tronc commun à tous les hauts fonctionnaires, pour les confronter aux nouvelles réalités du terrain : laïcité, pauvreté, écologie, discours scientifiques.
Casser les logiques de corps et de rentes à vie
Enfin, et c’est un sujet très sensible, Emmanuel Macron va s’attaquer à la réforme des carrières, en encourageant les mutations, en cassant les logiques de corps et de rentes à vie.
Si cette réforme était adoptée avant la fin du quinquennat, les hauts fonctionnaires seraient à l’avenir évalués de manière systématique et affectés à une mission en fonction de leur profil et des besoins de l’Etat, et plus seulement sur le seul critère de leur classement à la sortie de l’école. Et si ça ne leur convient pas, une rupture conventionnelle de leur contrat devrait leur être proposée.
Une petite révolution pour créer un électrochoc
Il ne s’agit donc pas, loin s’en faut, d’un simple toilettage de la haute fonction publique. Emmanuel Macron souhaite montrer aux Français qu’il tire les premiers enseignements de la crise sanitaire, du premier retour d’expérience des dysfonctionnements qui ont été pointés du doigt. Et ce en s’attaquant au "mammouth" d’une administration jugée peu efficace, pas suffisamment loyale, trop lente, trop puissante, trop endogène, et surtout prenant trop peu de risques pour se protéger.
En réformant aujourd’hui l’ordonnance de 1945, conçue par le Général de Gaulle, qui souhaitait à l’époque constituer une nouvelle haute fonction publique pour relever le pays, Emmanuel Macron provoque une petite révolution. La situation n’a certes rien à voir avec l’après-guerre, mais le président veut créer le même électrochoc.
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Un passage au Parlement avant juin indispensable
Plusieurs conseillers élyséens qu’Europe 1 a contactés récusent toute attaque en règle contre les hauts fonctionnaires. Pourtant, il s’agit bel et bien d’un symbole très fort.
Reste que pour que cette réforme ait une chance d’être adoptée avant 2022, il faut impérativement qu’elle soit débattue au Parlement avant le mois de juin. Et quand on observe l’embouteillage législatif, une certitude : la fenêtre de tir est toute petite.
Source: www.europe1.fr
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