Muguet, Fête du travail... Cinq choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le 1er mai
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Muguet, Fête du travail... Cinq choses que vous ne savez (peut-être) pas sur le 1er mai

Le 1er mai, presque partout dans le monde, c’est la fête du Travail. En France, c’est aussi un jour chômé. Pourtant, durant des siècles, ce n’était pas le travail que l’on fêtait le 1er mai, mais le muguet porte-bonheur… ou les amoureux. Tout ce qu’il faut savoir sur une fête qui remonte au Moyen-Age et agrège de multiples traditions jusqu’au combat syndical.


La fête des amoureux

Jusqu’en 1914, dans de nombreuses régions de France, le 1er mai était l’occasion pour les jeunes gens de déclarer leur préférence avec des branches fraîchement coupées, petits arbres enrubannés de mai qu’ils plantaient durant la nuit, devant le domicile de l’élue de leur coeur.


Une tradition qui remontait au XVe siècle. Chaque feuillage avait sa signification, pas toujours aimable : le charme était louangeur mais le saule pleureur stigmatisait un coeur dur.


Quant au fusain ou au sapin, qui riment avec putain, ils étaient carrément insultants… Dans certaines région, on préférait accrocher en gage d’amour des fleurs aux portes des belles. Pour déclarer leur amour, certains garçons n’hésitaient pas à dresser un chemin de feuilles de leur maison à celle de leur dulcinée.

La Première guerre mondiale a mis fin à ces traditions. Toutefois, dans les Landes de Gascogne, le 1er mai est encore aujourd’hui l’occasion de planter l’arbre de mai.


Généralement, on plante l’arbre (un pin décoré ou un "mai") en l’honneur d’une personne devant sa maison, en son absence, pour célébrer un anniversaire, une retraite, une naissance, un mariage, une élection… Ensuite, cette dernière invite les gens et organise un pot (la "maillade " ou "mayade").


Plus tard, quand l’arbre meurt et qu’il est enlevé, plus généralement à l’automne, c’est l’occasion de faire un deuxième apéritif ou une fête.


La tradition du muguet porte-bonheur… et gage d’amour



Le 1er mai, on offre des brins de muguet


Un rite courtois qui, selon certains, remonterait à la Renaissance, au 1er mai 1560.


Ce jour-là, le jeune Charles IX aurait reçu du muguet en porte-bonheur et il aurait offert en retour l’année suivante cette fleur aux délicates clochettes blanches parfumées, aux dames de la cour.


D’autres considèrent que la fête du muguet, bien plus récente, ne serait apparue qu’au XIXe siècle.


À la Belle Époque, les grands couturiers français offraient le 1er mai un brin de muguet à leurs petites mains et à leurs clientes.


Cette coutume évolua en fêtes du muguet dans tout l’Île-de-France, avec corsos fleuris, élection de reines de beauté, etc. Plus tard, Christian Dior fera du muguet l’emblème de sa Maison de couture.


Si l’origine de la fête du muguet fait débat, une chose est sûre : le muguet est depuis longtemps considéré comme porte-bonheur, avec ses fleurs en clochettes.


Car les cloches, c’est bien connu, sonnent pour les jours de joie et les fêtes comme les mariages, les baptêmes, Noël et Pâques, mais aussi pour éloigner les orages ou la grêle.


Donc le mauvais sort. Si par chance on vous offrait ce mercredi un brin de treize clochettes, réjouissez-vous et conservez-le précieusement : c’est doublement porte-bonheur !


Une fête du Travail d’origine… américaine

Au Moyen-Age le 1er mai état l’une des grandes dates de démarrage des contrats d’apprentissage des corporations d’artisans, mais il n’existe pas de lien ancien entre le 1er mai et le travail. La Révolution française créera la fête du Travail, mais elle la fixera au 1er pluviôse (20 janvier, jour de la mort de Louis XVI).

Notre actuelle fête du Travail tire son origine des grandes grèves et manifestations ouvrières du XIXe siècle, aux Etats-Unis.


En 1884, les syndicats américains se donnent deux ans pour obtenir la diminution du temps de travail à huit heures par jour.


L’action est lancée le 1er mai, date à laquelle les entreprises commencent leur année comptable, et où les contrats des ouvriers ont leur terme.


En 1886, la grève générale du 1er mai, impulsée par les anarchistes, est largement suivie. Ils sont environ 340.000 dans tout le pays.


À Chicago, la grève se prolonge dans certaines entreprises, et le 3 mai, la police charge la foule puis l’armée intervient, faisant 6 morts et de nombreux blessés parmi les grévistes de la société McCormick Harvester.


Le lendemain a lieu une marche de protestation et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, une bombe explose devant les forces de l’ordre tuant quinze policiers.


Si les manifestants obtiendront gain de cause, le bilan sera lourd avec plus de dix morts également du côté des travailleurs. À la suite de cet attentat, cinq syndicalistes anarchistes sont condamnés à mort.


Le drame a de telles répercussions dans le monde syndical qu’en juillet 1889, la IIe Internationale socialiste, réunie à Paris à l’occasion du centenaire de la Révolution française et de l’exposition universelle, officialise cette date comme journée internationale de revendications ouvrières, en faveur de la journée de huit heures.


Le 1er mai 1890 voit des défilés dans la plupart des pays d’Europe. L’année suivante, l’un d’entre eux tourne mal à Fourmies (Nord) : la police tire et fait neuf morts parmi les manifestants.


Un jour férié en France depuis 1941

Au XXe siècle, le 1er mai est devenu la journée de lutte et de célébration des combats des salariés. Mais elle n’est pas fériée.


En 1919, le Sénat qui vient de voter la durée du travail à huit heures, accorde à titre exceptionnel la journée pour fêter l’événement. Mais il faudra attendre 1941 et le gouvernement de Vichy pour que le 1er mai soit proclamé fête du Travail et jour férié.


Sous l’occupation allemande, à l’initiative du secrétaire d’Etat au Travail, le socialiste et ancien dirigeant de la CGT René Belin, le maréchal Pétain décrète le 1er mai comme "Fête du Travail et de la Concorde sociale" et en fait un argument de propagande.


Le 1er mai a été, jusqu’ici, un symbole de division et de haine. Il sera désormais un symbole d’union et d’amitié, parce qu’il sera la fête du travail et des travailleurs. Le travail est le moyen le plus noble et le plus digne que nous ayons de devenir maître de notre sort. Philippe Pétain, 1er mai 1941, lors d’un discours à Commentry (Allier)

La fête instaurée par le régime de Vichy est supprimée après la Libération. En 1947, avec le soutien du ministre communiste du Travail Ambroise Croizat, le 1er mai redevient un jour chômé et payé.


Le 1er mai ailleurs, dans le monde…

Si le 1er mai est célébré presque partout dans le monde, il n’est pas chômé dans tous les pays. Férié en France, en Allemagne, en Belgique ou encore au Luxembourg, il est ouvré aux Pays-Bas et en Suisse.


Au Royaume-Uni, c’est le premier lundi de mai qui est chômé. En Australie, la fête du Travail est célébrée à différentes dates proches du printemps ou de l’automne.


En Amérique du Nord, on distingue fête du travail et fête des travailleurs. Au Canada et aux États-Unis, c’est surtout le Labour Day, fête du Travail, qui est unanimement célébré le premier lundi de septembre, en souvenir des 10.000 ouvriers new-yorkais qui avaient manifesté pour la première fois le mardi 5 septembre 1882, inaugurant le tout premier défilé de la fête du Travail.


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