“Antibiotiques, la fin du miracle ?” : l’enquête choc d’Arte qui fait monter la fièvre
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“Antibiotiques, la fin du miracle ?” : l’enquête choc d’Arte qui fait monter la fièvre

Et si les antibiotiques devenaient complètement inefficaces ? C’est la question centrale posée par une enquête alarmante d’Arte diffusée ce mardi, qui pointe un responsable : l’élevage moderne et son utilisation massive d’antibiotiques.

C'est un tsunami au ralenti, une vague que personne ne voit arriver : la résistance aux antibiotiques est un phénomène mondial dont la gravité est encore mal perçue.


Pourtant « si nous ne faisons rien contre la résistance aux antimicrobiens, d’ici trente-cinq ans, 10 millions de personnes pourront en mourir chaque année », prévient Jim O’Neill, ancien membre du gouvernement du Royaume-Uni. La faute – entre autres – incombe à un usage abusif d’antibiotiques dans l’industrie agroalimentaire.


De « produit » miracle, l’antibiotique serait-il devenu simple gadget ? Le réalisateur allemand Michael Wech tire la sonnette d’alarme dans ce documentaire efficace, diffusé sur Arte ce mardi 19 mars, en faisant intervenir toutes les strates concernées : diplomatie, microbiologie, science pharmaceutique et histoire médicale.


Tour d’horizon de cette enquête qui invite à la prise de conscience.


Qu’est-ce que l’antibiorésistance ?

Si le recours aux antibiotiques a donné lieu à des « miracles », permettant notamment l’éradication de grandes maladies épidémiques, ces médicaments risquent aujourd’hui de n’avoir plus aucun effet sur les bactéries infectieuses.


Après la découverte de la pénicilline en 1928 par Alexander Fleming, les scientifiques préviennent que l’usage inapproprié des antibiotiques cause une résistance bactérienne.


En effet, les bactéries développent sans cesse de nouveaux mécanismes de défense – grâce à des gènes de résistance – pour s’adapter à leur nouvel environnement. En d’autres termes, une maladie que l’on pouvait guérir autrefois avec succès rencontre désormais de graves échecs de traitement.


Ainsi, selon les chiffres de l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé), 490 000 personnes ont contracté une tuberculose multi-résistance, alors qu’on croyait cette maladie contagieuse disparue à jamais.


La résistance aux antimicrobiens pourrait « devenir la première cause de décès dans le monde, à l’horizon 2050 ».


Ce fléau confronte les Etats à de nouveaux enjeux – tant sanitaires que financiers.


D’ici trente-cinq ans, selon l’économiste anglais Jim O’Neill, la sur-utilisation des antibiotiques entraînerait la mort de 10 millions de personnes et coûterait 100 000 milliards de dollars par an !


Pourquoi la résistance aux antibiotiques est-elle en hausse ?

La faute à une consommation exagérée et inappropriée des antibiotiques à travers l’élevage intensif. Cette industrie – très compétitive – recourt systématiquement aux antibiotiques pour augmenter la masse musculaire de leurs bêtes et pour les prémunir contre certaines maladies.


Aux Etats-Unis, 80% des antibiotiques administrés sont injectés dans la nourriture des animaux. Ce business très lucratif profite surtout aux entreprises pharmaceutiques qui, ces dernières années, ont réalisé un chiffre d’affaires de 13 milliards de dollars. Quel intérêt pour les firmes pharmaceutiques d’en ralentir la consommation ?


Aujourd’hui, tous les continents sont concernés, sans exception. Fait plus grave encore, même les antibiotiques de derniers recours – tels que la colistine destinée à soigner les infections graves, résistantes aux autres traitements – étaient encore récemment utilisés dans les élevages en Chine.


Pour le médecin Gerd-Ludwig Meyer : « Ce n’est ni plus ni moins qu’un crime. On utilise des antibiotiques de réserve de manière systématique et non ciblée sur des animaux alors que ceux-ci ont été conçus pour sauver des vies humaines. »


Peut-on encore endiguer cette catastrophe ?

Deux solutions émergent : encourager à tout prix la recherche de nouveaux médicaments et éviter l’excès de consommation.


Pour le réalisateur Michael Wech, interrogé par Télérama, il faut absolument « ralentir le développement et la diffusion des résistances. Les règles doivent être plus strictes en ce qui concerne les modes d’élevage. L’accent doit être également mis sur la recherche pharmaceutique ».


Mais développer un nouveau médicament prend en moyenne entre dix et quinze ans et coûte environ un milliard de dollars : les firmes pharmaceutiques n’y trouvent donc que difficilement leur compte.


Seuls six des cinquante plus grands groupes pharmaceutiques conduisent, aujourd’hui, des recherches sur de nouveaux antibiotiques…


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