Le phénomène touche un Français de plus de 60 ans sur trois. Retour, en chiffres, sur cette tendance au départ qui séduit les séniors.
C'est un mélange de considérations climatiques et économiques qui pousse les plus de 60 ans à partir. Leur motivation première est le « Coût de la vie moins élevé » (54%) à égalité avec une météo plus clémente (53%), qui pour eux est la condition du bien vivre. Les impôts arrivent juste après (39%). L'expatriation fiscale n'apparaissant pas du tout ici comme une problématique de grande fortune, mais bien comme un sujet diffus, de vie quotidienne et qui concerne tout le monde. Cette proximité du sujet fiscal est une nouveauté. De même « Fuir le pessimisme » ambiant, apparaît comme une raison de départ pour 18% des seniors. Dans la mesure où le pessimisme devient palpable, c'est un signe fort adressé par nos séniors à propos de l'ambiance en France. Comme des « déclinologues » ou des septiques, ils seraient prêts à partir pour cette raison confusément psychologique, ayant besoin d'une certaine forme de régénération ou d'oxygène extérieur.
Puis vient l'opportunité. Pour 11% c'est le bon moment qui les pousse à partir. Notamment la première année de la retraite, appelée aussi « l'année du Phénix », pour évoquer une « renaissance » du retraité, un « envol », le fait de vouloir se libérer. Tout ce qui était à l'état de projet : Tour du monde, déménagement et surtout « vivre ailleurs » vont prendre une tournure plus concrète. Il y aurait au début de la retraite, une sorte de tonus existentiel qui est une envie de réalisation personnelle, une volonté d'expérience après avoir repoussé et ajourné longtemps la plupart de ses envies compte tenu des contraintes (Vie professionnelle, enfants etc...) »
Le top des destinations d'expatriation pour senior sont d'abord, le Portugal 18%, puis l'Espagne (16%), le Maroc (13%). Autrement dit, un mélange de soleil et de proximité qui traduit bien une envie de bien être et aussi de non éloignement, de ne pas rompre totalement, de « non définitif ». Partir pour eux, ce n'est donc pas « tout plaquer ». S'ils veulent une nouvelle vie, ils ne veulent pas comme les plus jeunes appuyer sur la touche F5.
Ensuite, il y a les destinations lointaines : Île Maurice (10%), Thaïlande (8%) etc. Qui correspondent probablement plus à des fantasmes d'exotisme qu'à des réalités. L'envie faible de partir en Suisse (6%) ou en Belgique (1%) qui sont des lieux d'expatriation fiscales, montre que l'enjeu de la nouvelle expatriation des seniors dépassent largement le seul aspect fiscal.
Pour autant, aux yeux des Français de plus de 60 ans, partir à l'étranger reste une décision lourde.
Ce qui empêche de passer sa retraite à l'étranger, c'est d'abord une raison affective, « être loin de ses enfants et petits enfants » (58%) et juste après une raison « rationnelle », de pure prudence « ne pas bénéficier d'un système de santé de qualité » (33%), puis « être loin des amis » (19%) qui semble être important mais pas déterminant.
Viennent ensuite un mélange de raisons psychologiques et pratiques, qui montrent bien que « partir » reste une décision complexe. La nostalgie de la France (17%), la part de risque lié à l'âge (10%) pousse à rester, à une forme d'immobilisme et de contre - volonté des Seniors, consciente ou inconsciente. « Nostalgie » ou « Risque lié à l'âge », il s'agit en gros, d'arrachement à un système familier, à des habitudes.
On appréhende aussi la complexité à priori de l'installation (10%). Les plus de 50 ans, s'ils sont un peu des « néo - aventuriers », ne sont pas non plus dans l'expérimentation créative ou l'impulsion fougueuse. Contrairement aux plus jeunes, ils veulent des garanties, une possibilité de come - back, la notion d'irréversibilité les inquiètent.
Comme s'ils voulaient partir « un peu » ou « à moitié. Avant 50 ans, ils sont 56% à vouloir une installation définitive mais 43% à espérer du provisoire. Après 60 ans, cela s'inverse, ils se remettent à préférer du provisoire, puis après 65 ans à nouveau du définitif. Autrement dit, c'est assez fluctuant et cela reflète une forme d'indécision.
, malgré tout ce qu'implique la décision du départ à l'étranger en terme d'organisation, d'aspects psychologiques ou pratiques pour les plus de 50 ans, ils sont 44% à vouloir « se débrouiller seul sur Internet », à vouloir pratiquer le « do it yourself » avec leur retraite à l'étranger. Jusqu'à quel point?Étonnamment
16% des seniors veulent se faire aider par une entreprise spécialisée, 7% par un avocat fiscaliste, 5% par un notaire.
Il y a donc un besoin de coaching, de « concrétiseur », c'est à dire de quelqu'un qui rend concret et sécurise le départ, compte tenu des aspects multidimensionnels d'une telle décision très « impliquante » en terme de choix de vie. A un moment, il faut sauter le pas, de l'envie, du fantasme à la réalisation très pratique et surtout se mettre à l'abri des mauvaises surprises !
Source: www.huffingtonpost.fr