La fête nationale se construit sur le souvenir et la signification de deux événements révolutionnaires qui placent le peuple au cœur de l’action, à la fois acteur et objet, sujet et finalité.
Les faits portent leur propre histoire et interprétation, et font de la mémoire collective autour du 14 juillet, une reconstruction.
1880, Le 14 juillet devient fête nationale
Le 6 juillet 1880, la proposition de loi pour adopter le 14 juillet comme Jour de Fête nationale annuelle est promulguée.
Si le texte de loi précise qu’il s’agit d’une manifestation militaire, il ne mentionne aucune année de référence. S’agit-il du 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille, ou du 14 juillet 1790, date de la Fête de la Fédération ?
Commémore-t-on un événement violent ou pacifique ? La fin de l’absolutisme ou l’union républicaine ?
La genèse du 14 juillet
Ce n’est qu’au début de l’année 1879 que les républicains contrôlent l’ensemble des institutions.
L’enracinement de la République s’affirme alors par l’adoption d’un ensemble de symboles, la mise en place de rituels et de pratiques collectives.
Ainsi, en 1880, les députés républicains sont confrontés à la nécessité d’offrir à la Nation, une fête collective dont il faut fixer la date et organiser le contenu.
Le 14 juillet s’impose peu à peu dans le débat, dans une certaine mesure par élimination d’autres dates envisagées, mais aussi parce qu’il remplit nombres de critères imposés:
Le 14 juillet 1789, date de la prise de la Bastille (prison fortifiée au cœur de Paris), est bien une journée d’intervention du peuple français, en l’occurrence dans le cadre de son émancipation et de la conquête de la liberté.
L’objet saisi par l’intervention du peuple, la Bastille, représente bien l’arbitraire royal en matière de justice. Il rejoint donc des événements anciens des temps médiévaux et modernes comme éléments construisant la lutte contre l’Ancien régime. Mais au 14 juillet 1789, succède le 14 juillet 1790, fête de la fédération. Cette fête fut célébrée sur le Champ-de-Mars de Paris dans un climat d’union nationale.
Par conséquent cette référence atténue le caractère violent de la prise de la Bastille au profit d’un événement qui célèbre la Nation fédérée, unie en une même fête, associant l’ensemble des parties pour un projet commun.
La journée s’organise autour de deux éléments principaux, le défilé militaire et l’ensemble des festivités populaires
Le 14 juillet 1880, le Champ-de-Mars est abandonné au profit de l’hippodrome de Longchamp. Le pouvoir politique, au nom de la Nation, investit l’armée qui a désormais pour mission de la protéger, de la représenter et de remplir les missions qui lui sont dévolues.
Le 14 juillet est instauré comme fête patriotique et militante, elle se veut républicaine et anticléricale. Parallèlement au défilé militaire, des fanfares, des orchestres jouent de la musique et la journée se clôt par un bal populaire.
Le 14 juillet connaît toujours un grand succès. A Paris, le traditionnel défilé militaire sur les Champs- Elysées fait l’objet d’une préparation minutieuse et partout en France se déroulent bals, illuminations ou feux d’artifice.
1958-1959 : Les 14 juillet de l’indépendance et de la puissance. Ces 14 juillet seront les premiers au cours desquels la France fera défiler ses armes lourdes. Le défilé devient une vitrine pour montrer la puissance militaire française.
De 1974 à 1979, le lieu de célébration du défilé varie mais en 1980, les Champs-Élysées sont redevenus le cadre du défilé.
1994 : l’Eurocorps participe au défilé de la fête nationale, symbole de la réconciliation franco-allemande. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, des soldats allemands défilent en France, sous le signe de la réconciliation franco-allemande opérée dans le cadre européen.
Les années 2000, des régiments étrangers sont invités à défiler.
En 2007, pour la première fois, des soldats des 27 pays européens défilent.
En 2009, la République de l’Inde est le pays invité d’honneur des cérémonies du 14 juillet. Le défilé militaire est ouvert par un détachement de 400 officiers, sous-officiers et soldats de l’Armée de Terre, de la Marine et de l’Armée de l’Air indiennes.
En 2010 quatorze pays africains, qui ont été dans leur histoire associés à la France et qui célébraient cette année là le cinquantenaire de leurs indépendances, ont été les invités d’honneur des cérémonies du 14 juillet.
En 2007, 2008 et 2009, des centaines de « héros » et de « victimes » anonymes ont été invités à la réception qui est traditionnellement donnée dans le parc du Palais de l’Elysée après le défilé.