Les acheteurs immobiliers souscrivent aujourd’hui des crédits sur 18 ans et 10 mois en moyenne. Un record historique, mais peut-être pas encore un pic. Il faut dire que les acquéreurs n’ont jamais eu autant de raisons de recourir à des prêts longue durée.
Endettez-vous sur du long terme : le moment n'a jamais été aussi propice ! Les acheteurs immobiliers l'ont bien compris, et ont souscrit des crédits exceptionnellement longs. 226 mois en moyenne, soit 18 ans et 10 mois à la fin du trimestre 2018.
" C'est du jamais vu depuis 40 ans ", présente même Jean-Marc Vilon, directeur général du Crédit Logement. Selon l'organisme, la durée des prêts bancaires s'est allongée de dix mois l'année dernière. Elle avait déjà crû de 5 mois en 2017. Soit 15 mois de plus sur deux ans !
Des taux d’emprunts historiquement bas
Qu’est-ce qui explique cet allongement ? C’est d’abord le bon sens. Emprunter n’a quasiment jamais coûté aussi peu cher. Et surtout en ce qui concerne les emprunts longue durée !
Fin 2018, les taux d’intérêts des prêts à plus de 25 ans se situaient en moyenne à 1,63%. Des chiffres très, très loin des 5 ou 6% proposés il y a un peu plus d’une décennie.
Pour que l’allongement de la durée soit indolore, il faut en effet que les taux soient bas, comme c’est le cas aujourd’hui. C’est ce qui explique qu’un couple qui rembourse l’achat d’une maison à 400.000 euros sur 25 ans a beaucoup plus intérêt à allonger son crédit qu’hier.
S’il avait négocié son emprunt en décembre 2013, ce couple aurait eu à rembourser 1.982 euros de mensualités. En achetant un bien au même prix, mais cinq ans plus tard, celles-ci tombent à 1.744 euros. Une sacrée économie.
Le couple peut aussi choisir de maintenir la même mensualité, ce qui lui permet d’emprunter beaucoup plus. La preuve sur cette simulation, effectuée sur Meilleurtaux.com.
En décembre 2013, en remboursant 1.981 euros mensuels pendant 25 ans, le couple aurait pu compter sur un crédit de 399.865 euros pour choisir son logement.
En 2018, le même couple aurait pu emprunter plus de 454.000 euros, en ne payant pas un centime de mensualité en plus. Un delta de 55.000 euros bien utile dans la recherche de son logement, qui lui apporte 15% de pouvoir d’achat en plus. De quoi compenser la hausse des prix constatée ces dernières années.
Maintenir les ménages modestes sur le marché
Ce sont les jeunes qui ont de plus en plus tendance à jouer sur la durée des remboursements. Crédit Logement qualifie ce phénomène de « déplacement » sur les durées longues. Au dernier trimestre 2018, près de 49% des acheteurs de moins de 35 ans avaient opté pour un crédit de plus de 25 ans. Deux ans plus tôt, ils n’étaient que 38% à faire ce choix.
Mais pourquoi les jeunes jouent-ils beaucoup plus sur ce levier que leurs aînés ?
Tout d’abord, leurs revenus sont souvent moindres. Ils doivent donc emprunter plus longtemps pour pouvoir lever les sommes nécessaires à l’achat de leur logement. Crédit Logement explique donc que les banques ont « considérablement assoupli » les conditions d’octroi du crédit pour ces ménages, s’engageant sur du très long terme.
« L’objectif était de maintenir des ménages modestes et très modestes sur le marché immobilier », décrypte Michel Mouillart, économiste spécialiste de l’immobilier. Une initiative qui a permis de maintenir à un niveau élevé les volumes de ventes en 2018, malgré des signes de contraction de l’immobilier en fin d’année.
Source: www.challenges.fr