Selon l’étude "Logement" de l’Insee sortie mercredi 31 janvier, la part des jeunes de 18 à 29 ans logeant chez leurs parents a augmenté depuis 2000.

52% des 25-29 ans qui habitent chez leurs parents ont un emploi, selon la récente étude Logement de l'Insee.
Tanguy bien malgré eux. En 2013 (selon les derniers chiffres disponibles de l’Insee), 46% des jeunes entre 18 et 29 ans habitaient “habituellement” chez leurs parents - soit plus d’un mois par an au domicile familial. C’est 5 points de plus qu’en 1973.
Certains d’entre eux ne sont là que pour les weekends ou les vacances scolaires, mais ils ne représentent qu’une faible part des jeunes vivant au domicile familial. 85% des 18-24 ans et 92,8% des 25-29 ans qui habitent chez leurs parents y vivent presque toute l’année.
Une hausse constante de la cohabitation
La part des jeunes adultes vivant à la maison décroît, logiquement, avec l’âge : 2 jeunes sur 3 habitent avec leurs parents entre 18 et 24 ans, contre 1 sur 5 entre 25 et 29 ans.
Malgré une baisse temporaire de la cohabitation des jeunes avec leurs parents à 45% au début des années 2000 avec la courte reprise économique de 1996-2001, la hausse de ce phénomène sociétal est tendancielle depuis les années 1970. Elle est en partie liée au chômage et aux difficultés que rencontre la jeunesse à obtenir un emploi stable. En effet, depuis 40 ans, le taux de chômage des jeunes a globalement augmenté, atteignant un premier pic en 1996 (près de 16% pour les 20-29 ans) puis un autre en 2013 (17%).
Les plus fragiles sont ainsi les plus susceptibles d’habiter chez leurs parents : 69% des étudiants et 58% des chômeurs entre 18 et 29 ans sont encore à la maison.
Autonomie résidentielle ne rime pas avec indépendance financière...
Mais l’absence de revenus n’explique pas tout. En effet, les jeunes qui quittent le nid ne sont pas forcément financièrement indépendants. Ils reçoivent en conséquence une aide de leurs parents. 68,6% des 18-19 ans n’habitant plus à la maison reçoivent une aide financière régulière. Et parmi eux, 55,2% voient leur loyer pris en charge par leur famille.
A partir de 24 ans, l’âge du premier emploi après le master, l’aide familiale ne concerne plus que 9,7% des jeunes vivant dans leur propre logement (pour 26,5% des 22-23 ans, et 40% des 20-21 ans).. Et si 3,4% des 28-29 ans habitant seuls sont encore aidés par leurs parents, il s’agit principalement des chômeurs.
... et travail ne rime pas toujours avec décohabitation
L’emploi n’est pas pour autant le sésame assurant l’autonomie résidentielle. Parmi les 25-29 ans vivant chez leurs parents, une personne sur deux travaille. Et comparé aux adultes du même âge habitant ailleurs, les jeunes qui cohabitent occupent des emplois précaires et moins bien rémunérés : ils sont plus souvent ouvriers et moins fréquemment cadres, fonctionnaires ou en CDI.
Les étudiants font des allers-retours
En 2013, 69% des étudiants tous âges confondus habitent toujours avec leurs parents. Ils sont plus nombreux qu’en 1973 à quitter la maison au cours de leurs études mais ils sont aussi plus nombreux à rentrer au bercail à un moment ou un autre. 76% des 25-29 ans sont revenus chez leurs parents pendant ou après leurs études. Comment l’expliquer ?
L’installation plus tardive dans la vie de couple, l’allongement des études, les latences entre le décrochage du diplôme et le premier emploi éclairent cette évolution.
A l’approche de la trentaine, l’immense majorité des jeunes a réussi à décohabiter : seuls 2% vivent encore avec leurs parents. Et parmi ces 2%, 85% d’entre eux ne sont jamais allés vivre ailleurs, en grande majorité parce qu’ils ne disposent pas de ressources financières suffisantes, même avec l’aide de leurs parents.
Par Esther Attias
Source: www.start.lesechos.fr