Dans tous les secteurs, les vagues de la révolution digitale ont bousculé des positions patiemment construites au fil des décennies. Désormais, plus aucune entreprise ne peut légitimement se sentir à l’abri de remises en cause profondes de son core business. Le point de vue de Marc Sailly, Président d'Axys Consultants.
Parfois, cette menace prend la forme de ce qu’il est convenu d’appeler l’ubérisation, c’est à dire l’émergence soudaine d’un acteur capable de canaliser et d’accompagner une mutation des usages. Booking.com, WeClaim, Unilend pour n’en citer que quelques-uns ont tous introduit de nouveaux modèles, qui n’ont pas tardé à bousculer des usages en place, avant peut être de se trouver mis à mal à leur tour dans un futur proche.
Dans d’autres industries, où les barrières à l’entrée sont plus hautes et les usages hétérogènes, le défi s’exprime par un challenge concurrentiel accru. Certaines entreprises, comme Faurecia ou encore Sanofi, ont fait bondir leur rentabilité et leur qualité de services par la maîtrise du Big Data ou l’atteinte de l’excellence opérationnelle. Elles obtiennent ainsi un avantage compétitif certain, à défaut d’être durable.
Face à ces nouvelles règles du jeu, nombre d’entreprises osent. Certaines parviennent à expérimenter de nouveaux produits, de nouveaux services. D’autres à identifier et exploiter de petits gisements de données. Les troisièmes, à assouplir par endroits leurs organisations. Si ces initiatives se révèlent parfois prometteuses, la mise en œuvre opérationnelle à plus grande échelle semble elle, parsemée d’obstacles. Il faut d’abord dépasser le mythe de la rupture brutale et totale de modèle.
Ensuite, il faut vaincre les inerties organisationnelles et dépasser la prudence (c’est leur rôle !) des DSI. Dernier défi : identifier, attirer et retenir de nouvelles compétences, tout en encourageant les équipes à évoluer et innover. C’est d’autant plus difficile que ces mouvements doivent être engagés simultanément.
Or, devant une accumulation d’enjeux qui auront des conséquences sur l’intégralité d’un business model, par où commencer ? Pour appréhender cette transformation systémique, un seul mot d’ordre : piloter et agir sur tous les leviers de concert et « embarquer » toute l’entreprise.
Ce changement dans la continuité, Axys Consultants se l’est appliqué à lui-même. Initiée en 2013, notre évolution est le résultat d’un processus graduel qui a permis d’installer progressivement la transformation digitale au cœur de nos métiers. Notre mutation digitale a reposé sur une feuille de route, déployée de manière systémique, agissant simultanément sur les leviers humains, organisationnels et technologiques. Elle s’est notamment traduite par la montée en compétences digitales de l’ensemble de nos consultants, et par le renfort d’un nouveau directeur sur notre offre « digitalisation de la relation client ».
Fin 2015, une nouvelle étape a été franchie avec l’acquisition d’Aquity, un cabinet expert dans la transformation digitale opérationnelle. Nous avons ainsi réalisé notre première opération de croissance externe, après 30 ans de croissance organique soutenue. Nous avons également reformulé nos offres, créé une nouvelle branche de services, déployé un réseau social
interne ou encore, mis en place un processus d’innovation interne auquel participe l’ensemble des équipes.
Ce mouvement que nous avons éprouvé, nous l’avons formalisé et le déployons désormais pour d’autres. En prenant du recul, des géants de l’assurance ou de l’automobile ont su élaborer et conduire leur transformation digitale. Le bénéfice à date : une aptitude à la mise en œuvre opérationnelle à grande échelle, à industrialiser enfin nombre d’expérimentations menées en interne, pour conserver ou améliorer leurs positions sur leurs marchés.
La digitalisation n’est pas un enjeu cosmétique, ni même un relais de croissance. C’est un changement de paradigme indispensable pour espérer maintenir, voire renforcer, sa position dans ce nouveau monde. Elle requiert une planification fine et partagée avec l’ensemble des fonctions qui ne manqueront pas d’être impactées par cette transformation. Relisons Le Guépard : parfois, il faut tout changer pour que rien ne change.
Source: www.entreprendre.fr