Chaque culture a sa propre conception du temps et sa propre hiérarchie des priorités. D’où certains malentendus en matière de respect des délais. Comment les éviter ?
Vous envoyez un e-mail à quelqu’un au Japon et vous attendez une réponse rapide à une question simple… mais la réponse se fait attendre. Défaut de réactivité ? Mépris ? Pas du tout. La culture d’entreprise japonaise privilégie le consensus et cette priorité l’emporte sur toute autre. La personne à qui vous vous êtes adressé est sans doute en train de consulter les membres de son équipe avant de vous répondre. Il s’agit d’une attitude réfléchie et respectueuse plutôt qu’indifférente.
Selon la culture dans laquelle on travaille, la hiérarchie des priorités – notamment le respect des délais – est différente. D’où quantité d’incidents qui peuvent conduire à des conflits et détruire la confiance. Comment s’en sortir ?
Bhaskar Pant, directeur de la formation professionnelle au MIT[Massachusetts Institute of Technology], lance cet avertissement dans la Harvard Business Review :
Travailler dans des cultures multiples oblige à se transformer en caméléon et à changer de couleur en fonction de l’environnement. C’est plus facile à dire qu’à faire.”
Première règle, qui ressort de l’exemple japonais : ne pas croire que les moyens de communication instantanée ont aboli les différences culturelles. Bhaskar Pant oppose les cultures qui se font une conception linéaire du temps à celles qui perçoivent le temps comme cyclique et sans fin.
Dans les premières – en gros, en Occident –, la vie est structurée par des échéances. Ne pas les respecter, c’est être incompétent ou pas sérieux. Dans les secondes, l’accent est mis sur la nécessité de bien faire les choses et de maintenir l’harmonie. Le respect des délais est considéré comme un objectif parmi d’autres, notamment la nécessité de ménager un certain tissu relationnel. C’est par exemple le cas en Inde et dans toute l’Asie du Sud.
D’où cette deuxième règle élémentaire : communiquer toujours en tenant compte du contexte culturel. Pour convaincre collaborateurs et partenaires de respecter une échéance importante, il faut invoquer les critères auxquels ils accordent le plus d’importance. Souligner, par exemple, que le non-respect de l’échéance risque de compromettre les relations.
Au sein d’un même pays, plusieurs cultures peuvent cohabiter. En Belgique, Flamands et Wallons n’ont pas le même rapport au temps. Idem pour la Suisse alémanique et la Suisse romande. Autre règle élémentaire : se renseigner précisément sur la culture au sein de laquelle on va travailler. Le mieux est de vous adresser directement aux gens avec qui vous allez collaborer. Ils évoqueront volontiers certains aspects de leur culture s’ils voient que vous tentez d’établir une relation authentique. Et se montreront aussi plus réceptifs à vos propres différences culturelles.
Enfin, toutes les situations étant évolutives, il faut vérifier continuellement où l’on en est avec ses interlocuteurs. Comprennent-ils vraiment vos priorités ? Tenez-vous vraiment compte des leurs ? Fort de son expérience à l’international, Bhaskar Pant conclut ainsi son analyse :
Parvenir à une véritable compétence interculturelle est le fruit d’une attention continue et d’une pratique constante de l’adaptation. Il n’y a pas de recette miracle.”
Source: www.courrierinternational.com