Pour se faire vacciner au plus vite, pourrait-on se contenter d'une seule dose de vaccin ou retarder la prise du rappel ?
Modifier la posologie de la deuxième de dose vaccin, une stratégie à risques ?
La vaccination apparaît comme l’espoir le plus prometteur d’un retour à la vie normale. Elle permettrait d’éviter le recours au reconfinement dont le spectre a été écarté, pour le moment, par Jean Castex lors de sa prise de parole vendredi 29 janvier. Mais encore faut-il arriver à se faire vacciner rapidement.
Retards de livraisons des fabricants, rendez-vous annulés, les ratés initiaux de la campagne de vaccination ont été nombreux. Si le rythme des vaccinations s’accélère avec 1.486.493 personnes vaccinées au 2 février, il a fallu affronter bien des embûches pour n’obtenir ne serait-ce qu’une dose du vaccin convoité. Sans même parler de pouvoir se procurer cette fameuse seconde dose qui confère une immunité durable.
Que se passerait-il, si justement vous ratiez votre seconde dose de vaccin après avoir obtenu une première injection. Seriez toute de même protégé avec une seule dose? Ou pourriez-vous permettre de prendre en retard votre rappel de vaccins sans conséquence pour votre santé?
Retarder la deuxième dose, un pari risqué
Retarder la prise de la deuxième dose a été en fait une option envisagée par les autorités sanitaires. Dans un avis publié le 7 janvier, la HAS a proposé d’étendre le délai à six semaines pour la deuxième dose des vaccins Moderna et Pfizer.
Le raisonnement ?
Compte tenu de la disponibilité limitée des stocks, un tel espacement permettrait de prioriser les premières vaccinations. Moins de doses réservées aux rappels, c’est plus de vaccins pour les personnes qui n’ont jamais reçu d’injections. Avec à la clé selon la HAS, la vaccination “d’au moins 700.000 personnes supplémentaires le premier mois”.
Pour appuyer sa stratégie de vaccination, la HAS faisait le pari de l’immunité conférée par la première dose de vaccin.
Mais cette efficacité fait débat. La Food and Drug Administration américaine souligne le manque de données disponibles pour attester de l’innocuité d’un “retard” de vaccination. Une absence de consensus scientifique qui a poussé le ministre de la Santé, Olivier Véran à écarter par “sécurité” un allongement du délai entre deux injections.
Une seule dose est moins efficace
Imaginons un scénario plus radical que de prendre une seconde dose en retard. Pourrait-on s’en passer et se contenter d’une seule dose ? C’est une possibilité évoquée par les autorités sanitaires de la province de l’Ontario au Canada, également pour accélérer le rythme des vaccinations.
L’option semble risquée, car elle risque d’amoindrir le caractère protecteur des vaccins. Le fabricant Pfizer l’affirme, l’efficacité de son vaccin ne serait que de 52% à l’issue de la première dose. Mais même ce résultat est sujet à caution, car il n’existe “aucune information disponible sur l’efficacité dans la durée de la première dose” a récemment expliqué Alain Fisher, le monsieur vaccin du gouvernement.
En réalité, le vaccin du coronavirus fonctionne comme un vaccin classique. C’est-à-dire que ce n’est qu’après un rappel qu’il offrira une immunité durable. Le vaccin Pfizer tout comme le vaccin Moderna deviennent pleinement efficaces, ceci à 95%, qu’après l’administration de deux doses.
Enfin face aux nouveaux variants africains et anglais, la prise d’une dose unique de vaccin comporte même un risque, celui de favoriser l’essor des virus mutants selon le Guardian.
Moins protégées, les personnes recevant qu’une seule dose risquent de ne pas produire des anticorps en quantité suffisante. Leur immunité ne serait pas assez forte pour lutter contre les variants les plus dangereux du coronavirus qui alors “s’échapperaient”. Par sélection naturelle ces variants deviendraient peu à peu prédominants.
La piste d’une combinaison de vaccins
Et si pour se procurer cette précieuse seconde dose, l’on se mettait à combiner différents vaccins ?
Pour pallier aux difficultés de certains fabricants à honorer leur commande, certains chercheurs ont effet évoqué la possibilité d’utiliser pour la deuxième dose, un vaccin provenant d’un autre laboratoire. Une mesure recommandée en “dernier recours” par le Centers for Disease Control (CDC) d’après Kavita Patel contributrice médicale au HuffPost.
Cette solution de substitution donnerait des résultats cliniques prometteurs. Selon une étude de l’Imperial College dirigée par le docteur Paul Mckay, l’addition de différents vaccins pourrait même amplifier l’effet protecteur de la vaccination.
Une piste qui devra être validée par la communauté scientifique, les travaux des équipes de l’Imperial College étant pour l’instant au stade de la prépublication.
Source: www.huffingtonpost.fr
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