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Plus de la moitié des emplois à pourvoir ne trouvent pas preneur !

Alors qu'il y a un écart fort entre les compétences acquises dans le cadre de la formation initiale et les besoins de l'économie, la loi Avenir professionnel permet désormais aux entreprises de créer leurs propres centres de formation en apprentissage (CFA).


Le ministère du Travail a reçu plus de 550 demandes d'ouvertures et 60 ont déjà été acceptées. Adecco fait partie des pionniers avec un CFA Recruter autrement.


Quelle est la proportion d'emplois non pourvus en France malgré un chômage élevé ?

Plus que dans les pays voisins, on a effectivement en France à la fois un chômage élevé et un fort besoin de recruter : pour plus de 50 % des postes à pourvoir, les entreprises disent avoir beaucoup de difficulté à recruter, voire ne pas trouver de candidat.


Il n'y a pas de raisons que ces pénuries de main-d'oeuvre subsistent, alors que l'on observe un taux de chômage de 9 à 10 % pour les employés qualifiés, de 19 à 20 % pour les non qualifiés, contre 3,8 % pour les cadres. Soit une moyenne globale de 8,6 %. On ne devrait être en tension que sur une minorité d'emplois.


Ce fossé est une particularité française, que l'on ne retrouve ni en Allemagne, ni en Suisse, ni au Benelux ou dans les pays nordiques.


Comment expliquer ce fossé ?


Les raisons en sont très franco-françaises : il y a un écart fort entre les compétences acquises dans le cadre de la formation initiale et les besoins des entreprises. Et cet écart ne cesse de grandir !


Il y a 20 ans, on se formait une fois et cela « tenait » toute sa carrière. Ce n'est plus le cas : regardez dans l'automobile, le contenu des métiers a changé au moins trois fois en 20 ans !


Alors qu'il faut plusieurs années pour faire évoluer les programmes scolaires… L'Education nationale reste trop éloignée des attentes des entreprises et trop focalisée sur le savoir et non le savoir-faire.


Est-ce très différent ailleurs en Europe ?


En Finlande et en Suède, la moitié du temps scolaire est consacrée à des mises en situation, avec des exercices collectifs, et on valorise les aptitudes relationnelles des élèves.


Des dispositions spécifiques sont prises pour chaque élève, par rapport à son orientation, à son potentiel, à ses compétences, en concertation avec les parents.


En France, le travail collectif est très faible en comparaison.


Quelles solutions préconisez-vous en France ?


La loi Avenir professionnel apporte une partie de la réponse : elle permet aux entreprises de former elles-mêmes les jeunes à leurs besoins.


L'application Mon compte formation donne désormais la possibilité à chacun de choisir ses formations via son smartphone, de les évaluer, de dire en combien de temps on a trouvé du travail, à quelle rémunération.


Ces informations, disponibles de manière transparente, permettront d'aiguiller les candidats mais, aussi, les entreprises.


Cela est d'autant plus important que les métiers évoluent constamment et que les formations mises en oeuvre au sein des entreprises bénéficient davantage aux cadres qu'aux ouvriers et employés.


La manière de recruter doit-elle aussi changer ?


Oui il faut que les entreprises privées et publiques, les administrations, les associations, recrutent différemment car elles focalisent trop sur les diplômes : si par exemple vous êtes un expert en cybersécurité, mais ne disposez que d'un certificat délivré dans le cadre d'une formation privée, 9 recruteurs sur 10 ne vont même pas vous recevoir.


Aux Pays-Bas, où le chômage est très bas, on consacre une journée aux candidats pour les sélectionner. C'est d'autant plus dommage qu'en France, les recrutements restent soutenus, avec 1 million d'emplois créés en quatre ans.


Comment expliquer l'importance de ces besoins en recrutement ?


Il y en a trois. La démographie : alors qu'il y a 5 ans il fallait intégrer 180.000 nouveaux candidats à l'emploi par an, aujourd'hui c'est entre 100.000 et 120.000, compte tenu de la baisse de la natalité.


Ensuite, notre consommation est plus soutenue qu'ailleurs du fait des mesures prises par le président de la République en faveur du pouvoir d'achat.


Enfin nous avons un retard en matière d'investissement dans la robotisation. Dès lors, les gains de productivité sont plus faibles et dès qu'il y a croissance, il faut recruter.


Cela bénéficie-t-il à de nouveaux profils de candidats ?


Les entreprises ayant des difficultés à recruter, commencent à développer des programmes d'insertion pour des personnes plus éloignées de l'emploi, des jeunes en échec d'orientation.


Il y a dix ans, il y avait encore une réticence à embaucher des profils atypiques, car cela signifiait un investissement supplémentaire en formation. Ce n'est plus le cas, parce que 40 % des personnes sans emploi en France sont chômeurs depuis plus d'un an et parce que la plupart des marchés publics comportent une clause d'insertion sociale touchant de 10 à 15 % des effectifs employés.


Je salue l'initiative du gouvernement de mettre en place une Académie de l'inclusion où les chefs d'entreprise pourront se former.


Quelles sont les spécificités des CFA qu'Adecco a créés ?


Nous avons créé un CFA Recruter autrement, à Lyon et à Paris, car cette qualification n'existait pas.


En France moins de 15 % des managers ont reçu au moins une journée de formation au recrutement. Il s'agit d'un CFA ouvert à l'externe, pour nos clients, mais les grandes écoles sont également intéressées par nos modules.


Nous avons aussi lancé le CFA des Chefs, consacré aux métiers de la cuisine, avec Accor, Sodexo et Korian, car sur les 15.000 postes de cuisiniers que nous avions à pourvoir en 2018, seulement 11.000 ont pu l'être ; à quatre, notre école a une taille critique pour former 1.000 personnes par an.


Le ministère du Travail a reçu plus de 550 demandes d'ouvertures de CFA d'entreprises et si toutes aboutissent, cela doublera le nombre de ces centres en France. 60 ont déjà été acceptés.


Ce dispositif peut-il être complémentaire du CDI intérimaire (CDII) ?


En cinq ans et demi, nous avons créé 34.000 CDI intérimaires.


Ces personnes recrutées en CDII par Adecco sont déléguées chez nos clients et ont bénéficié de 30 millions d'euros d'investissement en formations.


En 2020, nous atteindrons les 40 millions. De manière globale, entre les CFA et les CDI intérimaires, cela représente 100 millions d'euros d'investissements en formation. Nous accompagnons également le retour à l'emploi de 9.000 personnes par an dans le Réseau Adecco Insertion.



Notre conviction : quand vous avez de la performance sociale, vous avez de la performance économique.


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