Inscrite dans le plan Santé 2022 du gouvernement, la prescription numérique est déjà expérimentée dans trois départements. Sa généralisation rapide suppose toutefois la levée de freins notamment sur le plan techniques.
L’Assurance maladie dénombre aujourd'hui plus d’un milliard de prescriptions par année toutes prescriptions confondues.
Cette véritable "marée montante de papier" est vouée pourtant à disparaître à court terme au profit d'une prescription numérique facilitant les échanges entre les médecins et les pharmaciens autour du traitement délivré au patient.
Ce qu'on appelle aussi l'e-prescription fait partie des mesures clés du volet "transformation numérique" du plan Santé 2022, dont la feuille de route a été présentée par le gouvernement en avril 2019 (cf encadré ci-dessous).
Soutenue par la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), l'e-prescription a pour objectif, d’ici 2022, d'englober les médicaments, les actes de biologie, infirmiers et de kinésithérapie par l’ensemble des médecins et des auxiliaires médicaux, en ville et en établissement de santé.
Sécuriser et tracer les prescriptions
Techniquement, cette ordonnance dématérialisée reposera à terme sur une base de données partagée entre professionnels de santé avec accès direct du pharmacien (pour les médicaments) à la prescription du médecin stockée dans cette base.
Il est aussi prévu d’articuler la prescription électronique avec le Dossier Médical Partagé (DMP) pour que le patient soit intégré au système, dans un contexte où ce carnet de santé numérique monte en puissance avec plus de huit millions de DMP créés début novembre 2019.
À terme, la prescription électronique apportera les avantages suivants:
réalisation des économies de papier et de traitement des feuilles de soins.
sécurisation et traçabilité des données de santé pour éviter les tentatives de falsification.
suppression des risques d'erreur de lecture de l’ordonnance
délivrance des médicaments en cas de perte de la prescription par le patient.
mise en évidence d’éventuelles contre-indications liées à d’autres médicaments prescrits par d’autres médecins et figurant dans la base de données.
consultation ou téléchargement à distance par le patient de ses prescriptions qui seront enregistrées dans son DMP (dossier médical partagé).
meilleure coordination des soins et fiabilisation des ordonnances. Le médecin, avec la prescription électronique, connaitra les médicaments que le pharmacien a délivrés à son patient.
Pour mener à bien ce chantier complexe, l'expérimentation de terrain a été privilégiée tout en évitant, dans un premier temps, de faire disparaître l'ordonnance papier.
Il a aussi été décidé de commencer par la médecine de ville qui concentre près de 500 millions de prescriptions l'an, soit la moitié du volume total.
Depuis fin 2017, l’Assurance maladie expérimente dans trois départements (Val-de-Marne, Maine-et-Loire, Saône-et-Loire) la dématérialisation partielle du processus de prescription (cf infographie ci-dessus).
Cette première étape vers l'e-prescription a concerné une soixantaine de médecins généralistes et une quarantaine de pharmaciens, selon un bilan de l'expérimentation de mars 2019.
Dans ce cadre expérimental, le médecin remet toujours au patient une ordonnance papier rédigée depuis son logiciel d'aide à la prescription, à la différence près, que la prescription papier contient un QR code qui permettra au pharmacien de consulter la prescription dématérialisée du médecin.
Ce QR Code est scanné via une douchette par le pharmacien d'officine qui récupère via son logiciel les données de la prescription.
Si le pharmacien modifie la prescription du médecin, il peut saisir le motif qui l’a conduit à ce choix. Le médecin peut ainsi accéder aux modifications éventuelles et à leurs motifs via son propre logiciel.
"L'e-prescription ne modifie pas les conditions de remboursement"
"Pour le patient, rien ne change dans ses habitudes. La e-prescription ne change rien à ses conditions de remboursement" souligne-t-on à la Cnam.
Un premier bilan de cette expérimentation, effectué en mars 2019, a montré que près de 25.000 prescriptions électroniques avaient été transmises à la Cnam, sur un rythme de 2500 d'e-prescriptions transmises chaque mois.
Depuis juillet 2019, une seconde expérimentation, menée dans les trois mêmes départements, porte sur une évolution du dispositif qui constituera la solution finale avec une base de données centralisant les prescriptions numériques (cf infographie ci-dessus).
Mi-janvier 2020, on comptait une centaine d’expérimentateurs et plus de 70.000 e-prescriptions enregistrées, précise-t-on à la Cnam. Un bilan sera tiré au premier semestre 2020 avec les pharmaciens et les médecins généralistes participants.
Plusieurs freins restent à lever
Mais la généralisation de l'e-prescription en 2022, poussée par le ministère de la Santé et la Cnam, devra encore lever quelques freins. Il va d'abord falloir certifier tous les logiciels d'aide à la prescription du marché utilisés par les médecins. Seulement deux auraient été actuellement "agréés" durant la phase d'expérimentation.
La centralisation dans une base de données où seront stockées les prescriptions numérisées, interpelle aussi les médecins. Les syndicats de médecins libéraux redoutent que cette base soit gérée par la seule Assurance-maladie dont le contrôle direct sur les prescriptions médicales sera alors facilitée par la centralisation et la numérisation.
Enfin, l'articulation de la prescription électronique avec le DMP, pour qu'elle soit efficace, suppose une accélération de la montée en puissance de ce dossier médical partagé (non obligatoire pour l'instant) d'ici 2022. L'objectif gouvernemental affiché de 40 millions de DMP ouverts à cette échéance reste très ambitieux...
Le calendrier du passage à l'e-prescription
L'e-prescription vise à faire disparaître l'ordonnance papier en sécurisant son circuit de transmission depuis la prescription par le médecin jusqu’à la dispensation par le pharmacien.
Ce service "socle" fait partie des mesures du volet "transformation numérique" du plan Santé 2022, dont la feuille de route fut présentée par le gouvernement en avril 2019. Il est déployé progressivement selon le calendrier suivant:
2019: expérimentation de l'e-prescription de médicaments en ville
2020: début de généralisation en ville et en établissement de santé et expérimentations de l'e-prescription de biologie et des actes infirmiers
2021: expérimentation des actes de kinésithérapie et début de la généralisation à la biologie et actes infirmiers
2022: début de généralisation à l’ensemble des auxiliaires médicaux
Source: www.bfmtv.com
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