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Les chiffres fous d'une France confinée

La crise sanitaire a eu des effets radicaux sur le comportement des Français et l'économie du pays. Elle va marquer un tournant dans la pratique du télétravail et l'essor de l'e-commerce.



Commencées le 17 mars, ces huit semaines de confinement ont été celles de tous les records pour la société française. Il faut dire que les achats de biens de consommation avaient déjà donné le ton la veille, avec un bond de 237 % par rapport au niveau habituel, selon l'institut IRI. Inquiets, les Français ont cherché à faire des stocks. Ils ont rempli leurs caddies de pâtes, de farines, de conserves ou de surgelés…


« Ce sont les ménages modestes qui ont augmenté le plus leurs dépenses », souligne Sébastien Monard, directeur marketing chez Nielsen France. En revanche, les foyers aisés se sont distingués par des « stocks de précaution » de médicaments plus importants, note l'Assurance-maladie. Ils ont aussi quitté les grandes villes pour se réfugier à la campagne. Reclus dans leurs pavillons de banlieue, leur appartement ou leur maison de campagne, les Français ont donc cuisiné, télétravaillé et regardé la télévision pendant 4 h 40 par jour, tout en évitant au maximum les cabinets médicaux. Le 16 avril, ils ont été 36,7 millions à suivre l'allocution du président Macron selon Médiamétrie. Une audience de 94,4 % et un record absolu !



Avec ce genre de vie, on épargne. Les Français ont thésaurisé 20 milliards d'euros en mars contre 6 d'habitude, calcule la Banque de France.


Selon l'Insee, la crise sanitaire se serait traduite par une chute de la consommation des ménages de 32 %.


Les ventes de carburants, d'automobiles ou de vêtements se sont littéralement effondrées tandis que celles de produits alimentaires progressaient, dopées par la fermeture des restaurants et des cantines.


Des conséquences majeures

Ces huit semaines de confinement et la semi-liberté qui va suivre auront sans doute des conséquences majeures pour une génération de Français. Elles vont d'abord « massacrer » les finances de l'Etat avec une dette prévue pour l'instant à 115 % du PIB, un déficit budgétaire record et un recul du PIB 2020 attendu à 8,2 % par Bruxelles.



Protégés par le dispositif du chômage partiel, la plupart des Français se trouvent encore à l'abri mais des dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises risquent de disparaître.


Au premier trimestre, plus de 450.000 emplois ont déjà été détruits, selon l'Insee. La crise sanitaire va progressivement se transformer en crise économique, puis sociale. Voire peut-être en crise politique d'ici quelques années. L'utilisation massive du télétravail

Sur un plan microéconomique, la crise du coronavirus a ensuite imposé un peu plus l'e-commerce dans notre quotidien . Selon Nielsen, 2,4 millions de nouveaux foyers y ont eu recours durant le confinement et 7,4 millions au total. Un nouveau seuil. Ces huit semaines auront enfin été celles de l'utilisation massive du télétravail. Un moment de bascule pour la société, comme en témoigne la volonté de PSA de généraliser celui-ci , en visant une présence des salariés au bureau pendant « une journée à une journée et demie par semaine ». Une nouvelle donne dans l'immobilier ?

A terme, cet essor massif du télétravail va changer la donne sur le marché de l'immobilier. Pourquoi acheter un logement à Paris ou en petite couronne à un prix prohibitif, alors qu'on ne va plus qu'une fois par semaine au bureau ? Les transports ne seront plus une barrière. Focus 1 : le grand exode des Parisiens

L'annonce du confinement a déclenché des mouvements de population majeurs dans l'Hexagone.


Près d'un million de touristes et travailleurs étrangers ont quitté le pays et jusqu'à 1,7 million de personnes qui se trouvaient en voyage d'affaires ou d'agrément, ont retrouvé leur département de résidence, selon l'Insee et l'opérateur Orange .


L'Yonne, le Lot, la Haute-Loire, le Gers ou l'Ardèche ont vu leur population augmenter de 6 à 7 % tandis que la Savoie et les Hautes-Alpes perdaient environ 40 % et 27 % de leur population, avec les départs des skieurs et des saisonniers.



Paris intra muros a vu partir de 580.000 à 610.000 personnes, dont près de 200.000 Parisiens, le reste étant des étrangers ou résidents d'autres départements.


En mars, le chiffre d'affaires des biens de grande consommation est devenu négatif dans 4 arrondissements du centre alors qu'il bondissait de plus de 30 % dans les quartiers de l'est, selon Nielsen.


Les stations balnéaires comme les îles de Ré, d'Oléron, le bassin d'Arcachon, Cabourg ou le Touquet ont également connu des hausses de 56 à 70 %. E. G. Focus 2 : les nouvelles obsessions des consommateurs

Les Français ont radicalement changé leurs habitudes de consommation durant le confinement. Beaucoup moins soucieux de leur apparence, ils se sont concoctés des « plats maison » tout en cherchant à limiter les risques d'infection.


Les Français ont d'abord fait une razzia sur les produits d'hygiène, avec des hausses de ventes allant jusqu'à +489 % pour les gants de ménage ou +148 % pour l'eau de javel lors de la deuxième semaine de confinement.



Tous les produits permettant de « tenir » (farine, fruits au sirop, conserves…) ont été plébiscités. En perte de vitesse depuis le scandale de la viande de cheval, les surgelés en ont bien profité avec des bonds de plus de 50 % pour le poisson et la viande sur la période, selon Nielsen. Dans le même temps, les Français ont tiré un trait sur les déodorants (-35,5 %), le maquillage des yeux (-55,8 %) ou les produits coiffants (-47,6 %). Le télétravail les a aussi libérés de certaines contraintes, au vu du net recul des ventes de dentifrice (-15,5 %), de lames et de rasoirs (-16,3 %) ou de shampoings (-14,6 %). Un « confinement sec »

Le plongeon a été plus fort pour les sandwichs (-58 %), consommés sur le lieu de travail, ou le champagne (-55 %), associé à des événements réunissant amis ou famille. Plus frappant, alors que les Américains augmentaient leurs achats de bières, vins et tequila de 20 à 40 % dans les magasins, les Français ont opté pour un « confinement sec », avec des ventes d'alcool en recul de 5,6 % sur la période. A moins toutefois, qu'ils n'aient préféré puiser dans leurs caves… E.G Focus 3 : avec la pandémie, les Français ont renoncé aux soins

Les cabinets médicaux ont été désertés durant le confinement. Selon l'Assurance-maladie, les consultations de médecins généralistes ont chuté de 40 % durant les trois premières semaines, voire de 50 % pour les spécialistes.


Le tout malgré des téléconsultations en forte hausse avec 1 million de rendez-vous par semaine et la mise en place de consultations téléphoniques, notamment pour les personnes âgées peu à l'aise avec l'informatique.


Plus grave, les 11 millions de malades chroniques (diabétiques, cancéreux…) ont autant arrêté de consulter que les autres. Des reports qui pourraient ensuite créer des complications et générer des afflux aux urgences.


« Au début du confinement, les malades chroniques ont souvent annulé leur rendez-vous pour des examens à l'hôpital ou avec des spécialistes. C'est ennuyeux parce que ces rendez-vous sont compliqués à obtenir. Il y a des délais d'attente », explique un médecin généraliste.



Même constat pour la consommation d'antibiotiques ou de vaccins (de -35 % à -71 % sur les cinq premières semaines). Les appendicites et les accidents cardiovasculaires pris en charge par les hôpitaux se sont aussi effondrés ainsi que les examens pour dépister des cancers ou des maladies graves. L'Assurance-maladie estime que 110.000 coloscopies, 240.000 scanners et 129.000 IRM ont été reportés pendant les cinq semaines de confinement. Autre fait notable, les foyers aisés ont eu une stratégie médicamenteuse différente durant le confinement, avec un recours plus important au « stockage de précaution » et au duo hydroxychloroquine-azithromycine du docteur Raoult, note l'Assurance-maladie. E.G



 
 

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