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Des noms de combattants d’Afrique pour les rues et écoles de France

Ils ont été 500 000 combattants à être mobilisés, dans toute l’Afrique, pour libérer l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. 75 ans plus tard, la France essaie d’encourager ses maires à leur rendre hommage en donnant leurs noms à une rue, une place ou une école.


« Ils n’avaient jamais vu la France. Ils se sont engagés sans une seconde d’hésitation pour défendre leur pays, un pays qu’ils ne connaissaient pas, le nôtre. […] Ils sont pour nous une fierté. Ils sont nos libérateurs, ils sont nos frères morts pour la France. »


Le 20 janvier dernier, Jean-Paul Joseph, le maire de Bandol, rendait ainsi hommage à cinq combattants africains qui sont tombés en août 1944 pour libérer la petite ville du Var (sud de la France). Désormais, la « Place de la liberté  » s’appelle la « Place des libérateurs africains ».


De ces hommes, la mémoire ne gardait que quatre noms s’effaçant peu à peu sur un monument aux morts.


Elle en avait même oublié un. Les habitants de Bandol ne connaissaient rien d’eux. On se souvient aujourd’hui qu’Ali Fattani, tué par un éclat d’obus, avait une femme qui s’appelait Halima. On se souvient que le père de Mohamed Dahel était cultivateur en Algérie. On se souvient que Jean-Édouard Seffar était un canonnier « calme et courageux ». On se souvient qu’Albert Banuls tentait d’ouvrir une brèche au viaduc de Bandol sous le feu lorsqu’il est tombé. On se souvient que François Gaillardo était à ses côtés et que comme lui, il a été décoré de la Croix de Guerre.


On se souvient que si la France est libre, c’est aussi grâce à eux.


Retrouver la mémoire


Comme ces cinq Algériens, ils ont été 500 000 mobilisés en Afrique pour sauver la France et l’Europe. 40 000 d’entre eux ne sont jamais rentrés. Pour aider les communes à identifier des individus ou des unités à honorer, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre -#ONAC-VG- a commencé à remonter la piste de plusieurs dizaines de combattants africains. À partir des noms, le Service historique de la défense -SHD- explore les archives pour collecter ce que l’administration savait de ces hommes.


« Nous avons commencé à travailler sur une centaine de noms », explique Maxime Ruiz, chargé de mission mémoire à l’#ONAC-VG. L’objectif : montrer la diversité des parcours et des territoires concernés.


Parmi ces combattants africains, il y avait des soldats de toutes les couleurs et de toutes les origines. Il y avait de simples militaires du rang, mais aussi des officiers emblématiques comme le capitaine Charles N’Tchoréré, Gabonais qui a combattu pour la France dans les deux guerres mondiales.


Des héros et des hommes simples, morts au combat ou de maladie. Autant d’histoires que d’individus.


Dans les abimes de l’histoire, les archivistes retrouvent parfois les étapes de toute une vie, et parfois de simples bribes. « C’est un peu la loterie, confirme Maxime Ruiz. Je ne dirais pas que c’est spécifique aux combattants africains. Il y a aussi des dossiers de métropolitains qui sont peu fournis. La différence c’est que l’administration sur place n’a pas toujours bien rempli les dossiers. »


Les écarts culturels font que les noms ont parfois été mal orthographiés, les villes mal identifiées.


Tous ces acteurs essaient, plus de 75 ans plus tard, de recréer du lien entre les héritiers de cette histoire.


Les maires peuvent demander à retrouver des soldats d’Afrique qui ont contribué à libérer leur ville ou leur région. Les historiens et les archivistes s’appliquent à répertorier tout ce qu’ils peuvent : un nom, le lieu d’une inhumation, des faits d’armes et pourquoi pas, dans certains cas, des descendants que la France essaie d’intégrer dans ces démarches.


Sensibiliser les Français


C’est Emmanuel Macron qui avait lancé cette idée, le 15 août 2019, alors que la France commémorait le 75e anniversaire du débarquement de Provence. Le président français contribuait à un effort pour rappeler que la Libération, ce n’est pas que le débarquement de Normandie du 6 juin 1944.


Ce sont aussi les Résistants, ce sont aussi des volontaires venus d’une multitude de pays et arrivés par de multiples routes. Et ce sont aussi des centaines de milliers de combattants africains.


Il existe de nombreuses rues et places qui portent les noms de grands résistants, de régiments français et parfois même de libérateurs américains célèbres.


Les Africains ont été longtemps oubliés. Alors ceux qui travaillent sur ce projet espèrent que les maires de France voudront corriger cet état de fait en renommant des rues, des places, et pourquoi pas des écoles ?


« Cela participe à la cohésion nationale, explique Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, à RFI. Beaucoup de personnes se sont battues pour la France. C’est important que les Français s’approprient cette histoire. »


L’Association des maires de France -AMF- a signé une convention avec le ministère pour soutenir la démarche. Pour l’instant, rares sont les élus locaux à vraiment se mobiliser.


Après Bandol, un autre projet est en passe de se concrétiser dans une communauté de communes du Rhône. Deux autres maires ont pris un premier contact. Mais la période électorale n’est pas propice à l’effort de mémoire. L’enthousiasme ne quitte pourtant pas ceux qui portent cette campagne. Ils en sont convaincus, une fois les élections passées, les choses se débloqueront.


En attendant ils débordent d’idées, notamment pour proposer du matériel pédagogique aux écoles, afin que les plus jeunes puissent se rappeler pourquoi cinq hommes nés en Algérie sont morts près de Bandol un lointain été de 1944.


Source: www.rfi.fr

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