Changer d’emploi pour améliorer ses conditions de travail, un risque à prendre ?
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Changer d’emploi pour améliorer ses conditions de travail, un risque à prendre ?

Selon une enquête de la Dares, 23% des salariés ayant changé d'employeur ou de profession entre 2013 et 2016 ont fortement amélioré leurs conditions de travail.


Ils ne sont que 13% dans ce cas parmi les salariés qui sont restés dans la même entreprise.

"Le monde change, le modèle ne sera plus celui du CDI à vie dans la même entreprise".


En 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, défendait la nécessité de réformer le marché du travail pour l’adapter aux mutations professionnelles.


Cet accroissement supposé de la mobilité des salariés était également mis en avant par l’exécutif pour défendre la récente réforme de l’assurance chômage qui octroie une allocation aux démissionnaires.


Encore faut-il que ces changements de carrière, volontaires ou non, s’accompagnent de meilleures conditions de travail.


Qu’en est-il réellement? Selon une étude de la Dares (institut statistique du ministère du Travail) parue vendredi, près d’un quart des salariés (23%) en emploi ont changé d’employeur et/ou de profession entre 2013 et 2016. Parmi eux, 8% l’ont fait via une transition directe, c’est-à-dire sans passer par une période de chômage ni d’emploi court.


Les 15% restants ont à l’inverse subi un épisode de précarité. 9% d’entre eux ont finalement changé de profession tandis que 6% ont uniquement changé d’employeur.


Les salariés qui passent d’un emploi à l’autre sans période de précarité sont le plus souvent les plus qualifiés (cadres et professions intermédiaires) tandis que les parcours précaires sont plus fréquents pour les individus les moins qualifiées (ouvriers, employés de service) qui changent d’employeur ou de profession.


La carrière des jeunes est également beaucoup plus instable puisque la période d’insertion professionnelle peut être "marquée par des mobilités liées à une phase de tâtonnement dans la recherche du métier ou du type d’employeur", note la Dares.


Changer d’employeur ou de profession pour améliorer ses conditions de travail


Les salariés qui changent d’employeur et/ou de profession signalaient le plus souvent de mauvaises conditions de travail.


En effet, 38% de ceux qui ont connu une reconversion déclaraient travailler dans de mauvaises conditions en 2013, contre 30% de l’ensemble des salariés.


Et cette nouvelle trajectoire professionnelle leur semble plutôt bénéfique: 29% de ceux qui ont changé de profession après avoir connu une période de chômage ou d’emploi court disent avoir vu leurs conditions de travail "fortement" s’améliorer entre 2013 et 2016, contre 21% des salariés qui n’en ont pas changé.


Plus généralement, 23% des individus qui ont changé d’employeur ou de profession ont "fortement" amélioré leurs conditions de travail contre 13% des salariés dits "stables".


La reconversion s’accompagne la plupart du temps d’une amélioration de la majorité des dimensions des conditions de travail.


Les salariés exerçant un nouveau métier sont ainsi plus nombreux à avoir "fortement" réduit leurs contraintes horaires (près de 15%), physiques (20%), le sentiment d’insécurité socio-économique (près de 25%) ou encore à avoir augmenté leur niveau d’autonomie (20%) et de reconnaissance au travail (plus de 25%).


Des proportions à chaque fois plus importantes que pour les salariés ayant uniquement changé d’employeur ou pour ceux qui n’ont ni changé d’employeur ni de profession.


Quant au salaire perçu, 30% des sondés qui ont changé de profession se disent plus satisfaits de leur salaire en 2016 qu’en 2013, contre seulement 20% de l’ensemble des salariés.


Si les conditions de travail tendent à s’améliorer pour la plupart de ceux qui ont pris une nouvelle trajectoire professionnelle, tous n’ont pas cette chance.


En effet, 17% des salariés qui ont changé de profession entre 2013 et 2016 disent avoir subi une "forte" détérioration de leurs conditions de travail, contre 15% de l’ensemble des salariés.


Dit autrement, les changements de profession peuvent aussi représenter un risque pour certains salariés.


Changer de secteur d'activité

C’est logiquement dans les secteurs où les conditions de travail sont les plus difficiles que les salariés sont les plus enclins à changer de voie.


"Quitter l’industrie, mais aussi les secteurs du commerce, de l’hôtellerie et de la restauration, permet souvent de réduire les contraintes physiques et horaires ainsi que l’intensité du travail", écrit la Dares.


Ainsi, 26% des salariés qui travaillaient dans l’industrie en 2013 avaient changé de secteur d’activité en 2016. Alors qu’ils n’étaient que 9% des salariés de l’administration à avoir suivi cette trajectoire.


Résultat, près de 20% des individus ayant quitté le secteur de l’industrie disent avoir fortement amélioré leurs conditions de travail contre 15% de ceux qui ont quitté l’administration.


Il est effectivement plus facile d’améliorer ses conditions de travail en quittant un secteur où elles étaient déjà particulièrement mauvaises.



Changements organisationnels

Sans changer d’employeur ou de profession, certains salariés peuvent connaître des changements organisationnels au sein de leur entreprise affectant leurs conditions de travail entre 2013 et 2016. 19% d’entre eux disent avoir connu une "forte" dégradation de leurs conditions de travail liées à ce type de bouleversements, contre 12% des employés qui n’ont été confronté à aucun changement d’organisation.


Pour les salariés ayant subi une détérioration des conditions de travail après un changement organisationnel, les dimensions qui se dégradent le plus sont l’intensité au travail, le manque de soutien social, le manque de reconnaissance et les conflits éthiques.


Les salariés qui ont connu des changements organisationnels au sein de leur entreprise regrettent surtout le manque d’information préalable.


Parmi ceux qui ont vu leurs conditions de travail modifiées, 39% disent n’avoir pas du tout été associés au changement, c’est-à-dire sans information ou consultation. 27% s’estiment bien informés mais pas consultés, 20% déclarent avoir été consultés mais sans avoir pu influencer le changement et seulement 14% disent avoir été informés et consultés.


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