Pensée pour la plage, la Mehari était unique. Avec ses racines africaines, elle deviendra tour à tour symbole de liberté, star du cinéma et véhicule militaire. Un demi-siècle plus tard, elle est toujours irremplaçable.
Un vent de liberté
Organisée en plein mai 1968 au Golf de Deauville, la présentation de la Méhari passe un peu inaperçue au milieu de ce que la France qualifiera pudiquement "d'événements".
Pourtant avec sa carrosserie en plastique, son look radicalement original, sa conduite cheveux au vent et ses couleurs flashy, elle symbolise à elle seule cette liberté réclamée par la jeunesse française. Les Américains ont le buggy, les Français auront la Méhari.
Des origines lointaines
On peut voir dans la 2CV Sahara l’origine de la Méhari. Cette Deuche à deux moteurs, souvent utilisée en Afrique, donne des idées à un entrepreneur d’Abidjan qui imagine un véhicule issu de la mythique Citroën, adapté aux terrains difficiles.
Ce Baby-Brousse sera vendu à plus de 30 000 exemplaires dans le pays, avant d’exporter le concept au Viet Nam, au Chili ou encore en Grèce et en Iran.
Ce succès donne des idées à Citroën, qui lance la FAF (facile à fabriquer), véhicule destiné à conquérir l’Afrique et les pays émergents.
Le succès est relatif mais chez Citroën, on pense qu’une utilisation loisirs pourrait se vendre en Europe. La Méhari est née.
Un véhicule original
Cette voiture de plage doit être facilement démontable et modulable avec capote et portes souples amovibles ainsi qu’un pare-brise rabattable.
Destinée à être salie, elle peut être entièrement rincée au jet d'eau. Il y a même un petit trou dans le plancher destiné à évacuer l'eau et l'empêcher de se transformer en baignoire, surnom qui lui sera parfois attribué en référence à sa carrosserie.
En effet celle-ci est en plastique, ou plus exactement en ABS (Acrylonitrile Butadiène Styrène) teinté dans la masse et évitant à Citroën de la passer en cabine de peinture !
Un véritable couteau suisse
Le moteur et le châssis sont directement prélevés de la 2CV qui lui fournit son bicylindre à plat refroidi par air de 602 cm3.
Les suspensions à fort débattement de la Deuche font merveille sur ce véhicule destiné à crapahuter.
La force de la Méhari est de s'adapter à tous les usages. On peut remplacer la banquette arrière par un espace de chargement pour en faire un utilitaire, en faire un cabriolet chic pour cruiser à Saint-Tropez ou la Baule, ou aller à la chasse. Ces caractéristiques vont bientôt séduire une toute autre clientèle...
Des hippies aux militaires
L'armée française est à la recherche d'un véhicule léger, avec de bonnes capacités de franchissement, un entretien facile et qui soit parachutable. Avec la sortie de la version 4X4 en 1979, la Mehari rempli toutes les cases.
Le capital sympathie de ce véhicule laissera de marbre un pyromane agissant dans la capitale au cours de l'hiver 1973/1974. Pendant cette période il brûlera 63 Méhari dans Paris !
Loin de partir en fumée, le concept de voiture de plage sera repris par Teilhol, avec la Tangara, ou encore par Aixam qui lancera la Mega Concept dérivée de la Citroen AX.
Les gendarmes de Saint-Tropez, emmenés par Louis de Funès, offriront une carrière cinématographique à la voiture de plage en pourchassant nudistes, extra terrestres ou contrevenants à son volant.
Fidel Castro possédera des Mehari, et la petite voiture en ABS fera même office de véhicule d’assistance médicale au Paris-Dakar.
La Méhari ne meurt jamais
Un demi-siècle après sa sortie, la Méhari n'est pas rare en bord de mer ou dans nos campagnes. Depuis son retrait des chaînes de montage, des entreprises privées reprennent le flambeau de la marque aux chevrons en proposant carrosseries ou pièces nécessaires à son assemblage.
Il est ainsi encore possible de se porter acquéreur d'une Méhari neuve. Certains proposent même des versions électriques, bien aidées par le poids réduit de sa structure.
Une version électrique qui a fait un flop
Citroën tentera de faire revivre le mythe en présentant une e-Méhari le 7 décembre 2015 dans le cadre de la COP21.
Elle reprend le concept d'une voiture de plage découvrable, en se basant sur la Bolloré Bluesummer. Le tarif prohibitif et la technologie de ses batteries électriques freineront sa diffusion et la commercialisation cessera après seulement 3 ans.
L'originale sera, elle produite à près de 150 000 exemplaires, un score énorme pour une voiture de plage!
Source: www.bienpublic.com