Un Français sur 2 accès à un cinéma dans sa commune...
Ils sont toujours plus nombreux, sont extrêmement rentables, mais leur fréquentation baisse. Les 226 multiplexes comptabilisés en France en 2018 restent toutefois de redoutables aimants pour le public.
Nées au milieu des années 1990, ces salles de cinéma de huit écrans et plus, qui représentaient l’an dernier 11,1 % des établissements, concentraient à elles seules plus de 43 % des écrans et près de 45 % des fauteuils.
Elles polarisaient 58,8 % des entrées, selon le bilan 2018 du Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC).
Autant dire que ces établissements occupent une part hégémonique sur l’échiquier de l’exploitation en France. Moyennant d’importants investissements, six nouveaux multiplexes s’ajoutent en moyenne chaque année au puzzle existant.
L’an dernier, Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), Tours (Indre-et-Loire), Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), Brétigny-sur-Orge (Essonne), Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et Nice (Alpes-Maritimes) en ont ouvert un.
Mais les spectateurs ne suivent pas au même rythme. Le CNC note « une baisse sensible des entrées moyennes par multiplexes ».
Les ventes de tickets ont ainsi fondu entre 2014 et 2018, passant de 125,1 millions à 118,34 millions l’an dernier. Le nombre moyen d’entrées par établissement a, lui, chuté de 8,8 % entre 2017 et 2018.
Des distributeurs mécontents
Malgré cette baisse, les multiplexes affichent une rentabilité à faire des jaloux. Si les derniers chiffres de l’Insee datent de 2015, ils conféraient à ces établissements 44 % de taux de marge. Soit deux fois plus que la moyenne des autres exploitants indépendants.
Cet exceptionnel résultat provient surtout des recettes annexes à la billetterie (qui, elles, comptent pour 71 %), comme notamment la vente fort rémunératrice de confiseries et de produits alimentaires (13 %) et des annonces publicitaires (4 %). Autre explication avancée par l’Insee : si le chiffre d’affaires des multiplexes a crû de 44 % entre 2005 et 2015 pour atteindre 1,45 milliard d’euros, 19 % proviennent directement de la hausse des prix du billet.
L’insolente santé des multiplexes suscite bien des frictions. Volant au secours des distributeurs, le ministère de la culture a ainsi obligé les multiplexes à diffuser gratuitement et « de façon significative » des bandes-annonces de films.
Par ailleurs, les syndicats de producteurs et distributeurs sont exaspérés par le non-respect de l’accord signé en mai 2016, qui oblige les multiplexes à programmer tous les films au moins quinze jours en salles.
La plupart du temps, estiment-ils, le nombre de séances ne correspond qu’à une semaine d’exploitation.
Source: www.lemonde.fr