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Décès de Jean-Pierre Marielle: «On a toujours l'impression que les acteurs qu'on aime sont i

Le monde du cinéma et de la culture a exprimé toute sa tristesse à l'annonce de la mort de Jean-Pierre Marielle à 87 ans.


Le dernier « grand duc » du cinéma n’est plus. Incarnation d’une époque où les acteurs se délectaient à jurer et fumer à l’écran, l’acteur Jean-Pierre Marielle, grande figure du cinéma français qu’il aura marqué de sa voix caverneuse, est décédé mercredi à l’âge de 87 ans des suites d’une longue maladie.


Le comédien avait disparu des écrans depuis quelques années, après avoir joué dans plus d’une centaine de films (sous la direction notamment d’Audiard, Blier, Molinaro, Mocky, Sautet, Tavernier, Miller) et d’innombrables pièces et téléfilms.


Au cours de sa carrière, il a été nommé sept fois aux César notamment pour son rôle dans « Tous les matins du monde », que beaucoup considèrent comme le sommet de sa filmographie. « Les César ? J’en ai rien à foutre ! », répondait-il.



Il « avait cette gouaille imprévisible, ce grain de folie qui transcendent un immense acteur.


Sa voix si reconnaissable par son moelleux et la justesse de sa diction nous entraînait aux frontières d’un génie irremplaçable, à la Serrault, à la Piccoli à la… Lui », s’est souvenu l’ancien président du festival de Cannes, Gilles Jacob.

L’acteur aux plus de cent films était notamment connu pour ses rôles dans “Week-end à Zuydcoote” (1964) “Les galettes de Pont-Aven” (1975) ou encore “Comme la lune” (1977).

Rochefort, l’ami de toute une vie

Avec sa disparition s’éteint l’une des dernières figures de “la bande du conservatoire”, formée au début des années 50 par des acteurs comme Jean-Paul Belmondo, Claude Rich ou Jean Rochefort, l’ami de toute une vie pour Marielle.


D’abord acteur de théâtre et de boulevard, Jean-Pierre Marielle connaîtra des débuts timides au cinéma avant d’exploser à la fin des années 60 et d’imposer sa gouaille et son air désabusé, autant dans des films comiques que tragiques, d’auteur que grand public.


Jean-Pierre Marielle était atteint de la maladie d'Alzheimer, ce qui l'empêchait de tourner de nouvelles productions.


Dans ses derniers films, Jean-Pierre Marielle s'est penché, à sa façon, sur la vieillesse et la dépendance, incarnant tantôt un vieillard à l'esprit embrumé, tantôt un père, frappé par le drame de la perte d'autonomie. L'une de ses dernières apparitions à l'écran était un plaidoyer pour le droit de mourir dans la dignité.


Dans le téléfilm Des roses en hiver, diffusé sur France 2 en 2015, il incarnait un homme âgé gravement malade, atteint d'un cancer et décidant de recourir au suicide assisté en Suisse.


Les dix rôles marquants de sa filmographie

"Le diable par la queue" (1969)

A 37 ans, Marielle n'est pas un perdreau de l'année: voilà plus de dix ans qu'il enchaîne les seconds rôles chez Max Ophuls ("Peau de banane"), Jean Girault ("Faites sauter la banque"), Henri Verneuil ("Week-end à Zuydcoote"). Mais c'est Philippe De Broca, alors un des champions de la comédie d'aventures, qui l'engage aux côtés d'Yves Montand dans cette loufoquerie où il s'illustre dans le registre du libertin grivois, qui sera longtemps le sien.


"La valise" (1973)

Une moustache surgit d'une... valise. L'image, cocasse, est prétexte aux multiples rebondissements dans cette comédie où Marielle donne toute son épaisseur à un agent secret israélien devant être exfiltré de Libye par son homologue français (Michel Constantin), qui en pince pour... l'amante (Mireille Darc) du premier. Un improbable triangle amoureux qui permet à l'acteur de briller entre puissance et vulnérabilité.


"Les galettes de Pont-Aven" (1975)

Pour qui veut découvrir ce qu'était la France de Giscard et une comédie cul(te) qui serait impossible à monter à l'époque #Metoo, ce film, réalisé par Joël Séria, est incontournable. Au coeur de ce cyclone paillard et libertaire, Marielle, débordant de gouaillerie, de panache, d'hédonisme mais de pathétique aussi, compose le rôle qui fera ad vitam sa gloire.


"Calmos" (1976)


Depuis plusieurs années maintenant, Marielle incarne une certaine idée de la masculinité, virile mais tendre, grande gueule qui feint l'indignation mais au cœur d'or. Bertrand Blier l'associe à Jean Rochefort, son ami depuis le Conservatoire national, pour narrer l'historie de ce duo exaspéré de n'être que l'objet de désir des femmes et qui tente de les fuir. Un film sulfureux, considéré comme un pamphlet anti-féministe.


"Coup de torchon" (1981)

Bertrand Tavernier, qui lui avait offert son premier rôle dramatique d'importance dans "Que la fête commence" sept ans plus tôt, l'engage à nouveau pour ce long métrage adapté de "1275 âmes" de Jim Thompson. Face à Philippe Noiret et Isabelle Huppert, Marielle impressionne en incarnant à la fois un proxénète et son frère militaire.


"Uranus" (1990)

Après plusieurs seconds rôles marquants dans les années 80 ("Signes extérieurs de richesse", "Tenue de soirée", "Quelques jours avec moi"), c'est dans cette adaptation du roman de Marcel Aymé par Claude Berri que Marielle se distingue par la finesse de son interprétation au milieu des Depardieu, Noiret, Blanc, Galabru, Luchini...


"Tous les matins du monde" (1991)

Pour beaucoup, ce film d'Alain Corneau demeure le sommet de la filmographie de Marielle, qui incarne le compositeur du XVIIe siècle, Monsieur de Sainte-Colombe, face aux Depardieu père (Gérard) et fils (Guillaume) dans le rôle d'un autre musicien, Marin Marais. Loin de toute flamboyance, c'est la corde sensible, tout en émotion retenue mais vibrante, que le comédien fait jouer dans ce film élégant.


"La controverse de Valladolid" (1992)


Dans ce téléfilm formaté pour le petit écran, Marielle délivre une performance de haut vol face au non moins brillant Jean-Louis Trintignant, avec un scénario de Jean-Claude Carrière. Le premier incarne le chanoine conservateur Juan Ginés de Sepúlveda, le second le dominicain humaniste Bartolomé de Las Casas. Ils doivent établir si les Amérindiens ont une âme. De quoi déterminer la possibilité ou non de les réduire en esclavage.


"Les grands ducs" (1996)

À l'initiative de Patrice Leconte, Marielle retrouve ses copains Noiret et Rochefort dans cette méta-comédie où ils incarnent trois comédiens vieillissants, sans le sou, qui s'offrent un dernier coup d'éclat en sauvant avec panache une pièce de théâtre en perdition.


"Faut que ça danse !" (2007)

Dans ce film de Noémie Lvovsky, il incarne un septuagénaire accro aux claquettes, qui perd de sa légèreté sous le poids de l'âge. A la manière d'Eastwood affrontant sa vieillesse à l'écran, Marielle émeut en renouant avec le type de personnage flamboyant qu'il a façonné, désormais au crépuscule de sa vie.

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