BIO… Trois lettres en vogue au Maroc aussi. Parmi les 1 700 exposants du SIAM, le Salon international de l’agriculture au Maroc à Meknès, un espace est pour la première fois réservé à l’agriculture biologique.

Le biologique reste une denrée rare en terre maghrébine. « Les Marocains montrent un fort intérêt pour le bio, mais moins de 5 % en consomment. Car, pour en acheter, il faut en trouver », résume Khalid Azim, chercheur marocain siégeant au conseil d’administration de l’Isofar, une société internationale de recherche en agriculture biologique.
Pour lui, la lente mise en place d’un logo certificateur et la désorganisation des réseaux de distribution ralentit le développement de cette filière.
Objectifs revus à la baisse
Dès 2011, pourtant, le gouvernement affirme sa volonté de dynamiser l’agriculture biologique, en signant, dans le cadre du Plan Maroc Vert, un programme devant faire passer la surface cultivée de 4 000 à 40 000 hectares (ha) à l’horizon 2020.
A l’approche de l’échéance pourtant, moins d’un quart de cette superficie y est dévolu – environ 9 500 ha, selon la Fédération interprofessionnelle marocaine de la filière biologique (Fimabio), qui regroupe 200 producteurs, transformateurs et distributeurs.
Le Maroc a pourtant du potentiel. « Il bénéficie d’une position stratégique entre les marchés européen et africain, possède des atouts agroécologiques lui permettant de se convertir facilement, notamment des milliers d’hectares de plantes aromatiques et médicinales sauvages, tandis que le gouvernement et les interprofessions affichent leur volonté de développer cette filière », explique M. Azim.
Reste que le ministère de l’agriculture a tardé à mettre en place un règlement, un cahier des charges et des certifications, prévus à la fois dans la convention-cadre de 2011 et dans la loi relative à la production biologique des produits agricoles et aquatiques promulguée en 2013.
Résultat : sans logo officiel, difficile de différentier le bio du conventionnel. « Comment convaincre les agriculteurs d’investir sans garantie de confiance auprès des consommateurs ? interroge Charif Guessous, secrétaire général de la Fimabio.
Maintenant qu’il y a un règlement et un logo [entrés en vigueur en septembre 2018], cela va inciter les producteurs un peu réticents à aller vers le bio », estime-t-il.
En attendant, la prochaine étape consiste à faire reconnaître le « label Bio Maroc » par l’Union européenne, la première zone d’exportation du pays.
Source: www.lemonde.fr