Le chanteur est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 74 ans.

Le chanteur, disparu dans la nuit de mardi à mercredi des suites d’un cancer à l’âge de 74 ans, était comme ça.
Surprenant, attachant. Impatient aussi. Du genre à vous appeler régulièrement pour savoir ce que vous aviez pensé de son dernier disque. Il y en a un que l’on avait adoré en 2008.
« L’Homme sans âge », merveille où l’on redécouvrait son timbre de crooner nourri au meilleur du rock américain : Johnny Cash, Willie Nelson, Elvis Presley, dont il avait croisé la route.
Chez lui, une photo en attestait. Elle se trouvait dans son salon où il conservait quelques pièces maîtresses de sa carrière. Dont ce cliché avec le King, pris lors d’une rencontre express à Las Vegas en 1969.
« On a quand même parlé pendant trois minutes. Avec certaines personnes, ça peut être long. »

Dick Rivers, lui, parlait beaucoup, longtemps, mais on ne s’ennuyait jamais, toujours fasciné par les anecdotes de ce pilier du rock en France avec ses deux confrères Hallyday et Mitchell. Johnny et Eddy avaient eu plus de succès. Qu’importe.
« Je suis un éternel débutant, répétait-il. Je fais cela depuis 50 ans et je vis comme je l’entends. »
Un quotidien casanier, à Paris
Entre un nouvel album et quelques concerts, son quotidien se situait surtout Porte de Clignancourt dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
C’est là qu’il avait posé ses valises dans une vaste maison de 240 m2 achetée en 1988. Une ancienne serrurerie qu’il avait retapée.
« C’est le côté jardin en pleine capitale qui me plaît. Ici, je suis casanier, même si les gens du quartier me connaissent. »
Du coup, il préférait même recevoir à la maison sur son canapé où la télé restait allumée sur les chaînes d’infos, où trônait un billard… rose.
« Mes copains se sont cotisés pour me l’offrir à l’occasion de mes 50 ans. Et après j’ai fait changer la couleur du tapis en découvrant cette teinte fuchsia à Austin au Texas. »

C’est au fin fond des Etats-Unis qu’il avait aussi acheté l’une de ses quatre guitares fétiches toujours à portée de main.
Des modèles sur lesquels jouaient ses idoles Johnny Cash, Elvis, les Everly Brothers. « Je les prête surtout. Moi j’en joue mal, je connais quatre accords à peine », avouait-il.
Dick Rivers chez lui, en 2014
La mythologie rock s’arrêtait là. Pas de grosses voitures américaines en vue, encore moins de collection de Santiags. « Ah non surtout pas les Santiags, s’emballait-il alors. C’est une marque de merde espagnole, des copies pas chères de bottes américaines et c’est resté dans l’esprit de beaucoup de monde. »
Dick rimait avec authentique
« Very Dick », comme il avait baptisé l’une de ses compilations. Même si parfois la réalité dépassait la fiction.
Comme lors de cette soirée de 2005 où il montait les marches du Festival de Cannes aux côtés de George Lucas pour le nouveau « Star Wars ». « Natala ma fille, qui tenait un resto près de San Francisco a vécu pendant trois ans avec lui.
C’est pour ça que je me suis retrouvé avec eux lors de la présentation de « La Revanche des Sith ». Les photographes me disaient : Mais Dick qu’est-ce que tu fous là. Je leur répondais : C’est moi qui joue Dark Vador ! »
«La mouche du rock»
Dick Rivers avait le sens de la formule.
« Je ne dors pas dans un juke-box », répliquait-il quand on le ramenait aux clichés qui lui collaient à la peau, la banane, les bottes.
Celui que l’on aimait aussi c’était Hervé Forneri son vrai nom, parti de la boucherie familiale de Nice (Alpes-Maritimes) pour devenir une star des années 60 quand « la mouche du rock » l’a piqué, le temps de quelques tubes comme « Maman n’aime pas ma musique », « Twist à Saint-Tropez » avec ses Chats sauvages ou un peu plus tard dans les années 1980 « Nice Baie des anges ».
Une personnalité à la fois légendaire et solitaire, dans son monde, entourée jusqu’à la fin de sa femme Babeth, son « ange merveilleux » et de son fils Pascal, réalisateur de 53 ans. Mais un peu oublié par les autres. Au point, par exemple, de ne pas être mentionné dans la liste exhaustive des artistes en lice pour les Victoires de la Musique en 2008 alors qu’il sortait « L’Homme sans âge », définitivement l’un des meilleurs de ses 35 albums.
« Je suis maudit », nous confiait-il alors. « Il m’en aura fallu des gens pour être seul », chantait Dick, mélancolique, dans ce disque magnifiquement écrit par le jeune Joseph d’Anvers, chanteur et auteur pour Bashung.
« C’est tellement ça ce métier, nous expliquait-il. Je connais tout le monde. Quand j’apprécie quelqu’un je suis fier de penser que je suis son ami. En éternel enfant, je ne vois pas le mal et ensuite je suis déçu. »
Mais Dick Rivers continuait coûte que coûte avec le même enthousiasme. « Je n’suis pas encore mort, j’entends les cormorans qui me crient : le ciel peut attendre », chantait l’artiste en 2012.
Cinq choses que vous ne saviez (peut-être) pas sur le chanteur
Un pseudo inspiré par Elvis Presley
C’est lorsqu’il a écouté pour la première fois en 1961 Heartbreak Hotel de son idole Elvis Presley qu’Hervé Forneri a une révélation. Il veut suivre les traces du King en se lancant lui aussi dans la musique. C’est donc tout naturellement que s’est imposé au jeune Français le pseudonyme de Dick Rivers, référence au film Loving You dans lequel Elvis interprète le personnage de Deke Rivers. Le rockeur a d’ailleurs rencontré Elvis Presley en 1969 à Las Vegas, avec qui il a parlé musique et pris une photo
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Le 24 avril
Né le 24 avril 1945, Dick Rivers a sorti son premier album avec le groupe des Chats Sauvages (dont il était le leader) le jour de son seizième anniversaire, le 24 avril 1961. Pour finir, le chanteur s’est éteint le 24 avril 2019, à 74 ans, comme Johnny Hallyday.
Un doubleur
Dick Rivers a fait bien des choses tout au long de sa vie. Chanteur, acteur, auteur, comédien, il a aussi prêté sa voix inimitable aux personnages de Shere Khan du Livre de la jungle 2, Zugor de Tarzan 2 ou encore du passeur dans Arthur et les Minimoys.
Une rencontre avec Janis Joplin
Lorsqu’elle se présentait sur scène un soir, Janis Joplin a irrité Dick Rivers et Johnny Hallyday qui n’ont pas hésité à l’insulter. Un geste qui, on l’espère, a été regretté par la suite…
« Un soir, une chanteuse s’est mise à gueuler sur scène, a raconté Dick Rivers dans son autobiographie. Elle était visiblement bourrée. Johnny, Jean-Jacques Debout et moi avons commencé à l’insulter en anglais et en français. "Casse-toi ", "Ta gueule !". C’était insupportable. On a appris le lendemain que la fille qui chantait s’appelait Janis Joplin. Mon dieu que c’était mauvais ! »
Il a lancé Coluche
Fort de son succès précoce, Dick Rivers enchaine les représentations dès les années 1960 en passant par des scènes mythiques tel que l’Olympia.
Il négocie avec son équipe et demande à un tout jeune comédien, encore inconnu du grand public, de faire ses premières parties : il s’agit de Michel Colucci alias Coluche. Ce dernier accepte et se produit sur scène. Quelques mois plus tard, c’est son nom qui brillera en tête d’affiche.
Dick Rivers a d’ailleurs fait part de ses regrets lors d’une interview au Figaro en 2011 de ne pas avoir fait le spectacle proposé par Coluche et de s’être écarté de lui une fois son succès lancé : « Je regrette de ne pas avoir continué à entretenir des relations avec Coluche et toute l’équipe par la suite. Quand il est devenu célèbre, je me suis mis de côté. »
Source: www.leparisien.fr et www.20minutes.fr