Avec un budget de 250 milliards, la Sécurité sociale n'a plus qu'un déficit de 1,8 milliard d'euros. Son meilleur résultat depuis 18 ans, aboutissement des efforts enclenchés sous le quinquennat de François Hollande.
Ce matin une bonne nouvelle qui concerne le fameux trou de la Sécurité sociale, une curiosité nationale qui semble être aussi vieille que la République. Eh bien figurez-vous que ce trou a quasiment disparu.
La Sécu n’est en déficit que de 1,8 milliard, c’est l’épaisseur du trait sur un budget de 250 milliards. C’est le meilleur résultat depuis plus de quinze ans.
Ce redressement, c’est l’aboutissement de longs efforts enclenchés sous le précédent quinquennat, par Marisol Touraine en particulier. La branche retraite est à l’équilibre, les branches famille et accidents du travail sont en excédent.
Quant à la branche maladie, la Sécu au sens propre, elle est encore en déficit mais tout près de l’équilibre.
On entend au contraire que la santé coûte de plus en plus cher. C’est vrai en effet. Et si l’équilibre financier est à portée de fusil, c’est parce que les gouvernements français pratiquent une politique de rationnement.
C’est la thèse de Jean de Kervasdoué, ancien patron des hôpitaux et économiste de la santé, qui vient de publier un livre sur le sujet : La santé rationnée, un mal qui se soigne.
Rationner l'offre pour contraindre la demande
Comme il n’y a pas de prix au sens propre dans la santé, mais des tarifs fixés de façon administrative, et que la plupart des biens médicaux, les visites chez le médecin, les médicaments, sont quasi gratuits, la demande est inépuisable.
La seule façon de contraindre la demande, c’est de rationner l’offre. Ce n’est pas véritablement un marché, contrairement aux autres secteurs de l’économie.
C’est notamment pour cela qu’on ferme des lits d'hôpitaux. Dans un système gratuit, le rationnement est le seul moyen de faire des économies.
C'est pour cela qu'on bloque chaque année la croissance des dépenses de santé, bien en dessous de la croissance spontanée, qui est de 4%, compte tenu de l'évolution technologique et du vieillissement.
C’est pour cela aussi qu’on a le numerus clausus, c’est à dire un nombre limité de médecins admis chaque année. Ce qui explique les pénuries qu’on observe de plus en plus dans le système de soins français.
Incertitude sur une situation pérenne
En revanche, rien n'assure que ces comptes vont être redressés durablement ? À court terme, le système va être amputé de près de 3 milliards d’euros de recettes annuelles.
À cause de l’exonération de CSG d’une frange supplémentaire de retraités, après le mouvement des "gilets jaunes". Et de l’exonération de charges sociales pour les heures supplémentaires, qui a été avancée par rapport à ce qui était prévu dans le budget. Il va falloir compenser tout cela.
À plus long terme, c’est l'extraordinaire poussée démographique du vieillissement de la population qui va peser sur les comptes, de deux façons. D'abord sur la santé.
En 2040, il y aura 11 millions de Français de plus de 75 ans, c’est plus de deux fois plus qu’aujourd’hui. Et c’est l’âge à partir duquel les dépenses de santé augmentent fortement, tout comme le risque de dépendance. Et sur les comptes de la branche retraite, aujourd’hui proche de l’équilibre. Le ratio cotisant-pensionné va encore se détériorer.
D’où la nécessité, rappelée ce week-end sur RTL par la ministre Agnès Buzyn, de travailler plus longtemps, c’est à dire de retarder l’âge de la retraite. Nécessité rappelée "à titre personnel", a-t-elle déclaré, car le candidat Macron s'était engagé à ne pas augmenter cet âge de la retraite.
Source: www.rtl.fr