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Emploi : il quitte son travail à la Défense… pour affûter des couteaux !

Pendant des années, Nicolas Leroux a manipulé des chiffres dans le quartier d’affaires du Grand Paris. Puis il a tout plaqué pour devenir rémouleur.

Il a élu domicile sur une péniche amarrée dans le bassin de la Villette… mais passe la plus grande partie de ses journées à sillonner le bassin parisien sur 4 roues. A 59 ans, Nicolas Leroux savoure au jour le jour sa nouvelle liberté d’artisan itinérant.


Après de longues années de sédentarité dans les tours de la Défense à manier chiffres et données informatiques, il a longuement cherché une reconversion pouvant alimenter son désir de contacts humains, de travail manuel utile associé à une bonne dose d’innovation. Et il s’est finalement rangé des ordinateurs pour aller, dans le Gers, se former à un métier inconnu des ados d’aujourd’hui : celui de rémouleur.


Un art de haute précision

A Beaumarchès, village de moins de 700 habitants qui abrite l’Ecole Nationale d’Affûtage et de Rémoulage, l’élève motivé a appris un art de haute précision (la lame se travaille au millimètre près) et en voie de disparition, qu’il a décidé de réactualiser à sa manière. Si Nicolas Leroux travaille debout, dehors, il ne fait pas pour autant du porte à porte en agitant une cloche pour signaler l’arrivée d’un chariot à bras (l’image d’Epinal par excellence) ; pas plus qu’il ne fréquente les marchés dits « de plein vent ».


« Je travaille bien debout, à l’extérieur, à la vue de tous... mais derrière un véhicule tout ce qu’il y a de plus actuel ; et je ne reste pas posté, à l’ancienne, à attendre les clients sur un emplacement de marché, je vais affûter leurs instruments juste devant chez eux, à Paris et dans sa proche banlieue. »


Rémouleur 2.0

Nicolas a tout fait pour mériter le surnom de « rémouleur 2.0 » dont l’a gratifié une passante en le voyant à l’œuvre dans une rue de la capitale.


Sa voiture ? Pas celle de Batman mais presque ! Un modèle italien entièrement équipé sur mesure avec l’aide déterminante d’un copain (« Cela nous a pris un été entier »), pour être approvisionné en eau et en électricité. Conditions indispensables à une prestation de qualité puisque Nicolas reforme le fil des lames en utilisant une meule à eau, à faible vitesse, à froid.


« Il est important de ne pas chauffer inutilement le métal car cela le fragilise. »


Pour passer à l’action, il lui suffit de soulever le haillon arrière de son automobile pour tirer vers lui, à l’air libre, un plateau circulaire supportant 5 machines différentes. Et il fait tourner la roue selon les besoins de l’intervention.


Du poissonnier au podologue

A bien y songer, la liste des professionnels qui ne peuvent se permettre l’usage d’un outil au tranchant émoussé est, aujourd’hui encore, fort longue.


Outre les restaurateurs et les commerces de bouche (bouchers, fromagers, poissonniers…) on peut y inscrire les menuisiers, couturiers, coiffeurs, pédicures-manucures, podologues… Pour tous, le rémouleur est un précieux allié. « S’escrimer à travailler en force avec un instrument qui a perdu son pouvoir de coupe augmente les risques de blessures et l’apparition de maladies professionnelles comme les troubles musculo-squelettiques, très handicapants » souligne Nicolas.


Et jeter couteaux, ciseaux, gouges, pinces dont les performances ont disparu est un gaspillage contre lequel Nicolas milite concrètement. « Je pense que les gens sont de plus en plus désireux de faire durer leurs outils plutôt que de les jeter pour en racheter. »


Affûter, polir, lustrer manuellement… : un savoir-faire ancien qui a donc encore un bel avenir devant lui ! D’ailleurs, après moins de deux ans d’activité, le salarié reconverti a déjà rempli son carnet de commandes de noms prestigieux. La brasserie Lipp, Fauchon, Matignon, Ducasse, Chanel lui font confiance.


Sans que le rémouleur ambulant et innovant dédaigne pour autant une autre clientèle, celle des particuliers qui aiment jardiner, cuisiner, bricoler. « Cela me permet de tisser d’autres types de liens ; je fais des rencontres enrichissantes, amusantes, touchantes ; et je me réjouis de découvrir une vraie curiosité pour mon activité : les gens aiment me regarder l’exercer devant eux, ils m’interrogent sur les machines, mes gestes... »


Avec Nicolas, un métier oublié se découvre une seconde jeunesse, tout comme lui !


 
 
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