Savez-vous à qui appartient le Mont-Saint-Michel, la merveille de Normandie ? Et pourquoi est-il Normand et pas Breton ? Anne Francescutti, de l'office de tourisme du Mont, répond.
Érigé sur un îlot rocheux, entouré d’une magnifique baie, théâtre des plus grandes marées d’Europe continentale, le Mont-Saint-Michel (Manche), est l’un des lieux les plus visités du monde.
La merveille de l’Occident, comme il est parfois surnommé, est une grande fierté des Normands, jalousée par les voisins bretons.
Savez-vous à qui appartient le Mont-Saint-Michel aujourd’hui ?
Et pourquoi est-il Normand et non Breton ?
Anne Francescutti de l’office de tourisme du Mont a accepté de répondre à nos questions.
À qui appartient le Mont-Saint-Michel aujourd’hui ?
"Toute la partie de l’abbaye, qui représente 80% des bâtiments du Mont-Saint-Michel, appartient au centre des monuments nationaux, soit l’État".
"Pour le reste, le Mont-Saint-Michel est une commune comme une autre avec sa mairie, sa poste et ses commerces".
29 personnes habitent au Mont-Saint-Michel
Qui habite le Mont-Saint-Michel ?
En tout, 29 personnes y habitent au quotidien, dont 12 frères et sœurs de la fraternité monastique de Jérusalem.
Quelques salariés de l’abbaye et commerçants y vivent au quotidien. Trois familles d’agriculteurs, qui cultivent les polders, les champs autour du Mont, sont également comptés dans ces 29 habitants. Ils ne vivent pas au Mont, ils vivent sur le continent. Mais ils font partie de la commune du Mont-Saint-Michel.
Par ailleurs, on compte 902 votants au Mont-Saint-Michel, car la plupart des commerçants préfèrent voter au Mont que dans leur commune de résidence.
Le Mont a-t-il toujours appartenu à l’État ?
Non, l’histoire du Mont a été longue et complexe. C’est en l’an 708 que l’archange Michel apparaît en songes à Saint-Aubert, évêque d’Avranches, et lui demande de construire un sanctuaire en son nom. En 966, une communauté de Bénédictins s’installe et fait construire une première église pour accueillir les pèlerins, qui sont de plus en plus nombreux.
L’un des plus grands centres de pèlerinage médiéval
Très vite, le Mont-Saint-Michel devient l’un des plus grands centres de pèlerinage médiéval. À l’époque, les chemins de Saint-Michel, dit aussi de paradis, étaient aussi connus que celui de Saint-Jacques-de-Compostelle.
À la Révolution française, les moines abandonnent l’abbaye, qui est transformée en prison d’État. Jusqu’en 1863, 14 000 prisonniers passent dans cette « Bastille des Mers », où marées et sables mouvants rendent impossible toute évasion.
Le Mont-Saint-Michel était une île et traverser la baie pour le rejoindre était dangereux. Puis, en 1874, le service des monuments historiques de l’État restaure l’édifice et l’ouvre au public.
Pourquoi le Mont-Saint-Michel est-il Normand et pas Breton ?
C’est une longue histoire de querelle entre les Normands et les Bretons. Historiquement, on dit que le cours d’eau du Couesnon a placé le Mont en Normandie. Son lit aurait changé de côté, passant de la droite à la gauche, en plaçant le Mont en Normandie.
Le Mont-Saint-Michel a été Breton !
En 867, le roi des Francs, Charles Chauve, cède le Cotentin et l’Avranchin (la Manche actuelle) à la Bretagne.
Le Mont-Saint-Michel revient donc aux Bretons. Et puis, en 933, Guillaume Ier de Normandie récupère le Cotentin et l’Avranchin. Et l’énorme cerise sur le gâteau, le Mont-Saint-Michel.
Source : Bretons et Normands au Moyen Age – Rivalités, malentendus, convergences, Bernard Merdrignac, Presses universitaires de Rennes, 2008
Source: www.actu.fr/normandie