Retenez bien ce nom : Hatnoub ! Qui sait, un jour, ce plateau désertique deviendra-t-il une étape obligée pour les touristes fascinés par les exploits architecturaux des pharaons. Dans cette ancienne carrière d’albâtre, exploitée dès le IIIe millénaire av. J-C et située à quelque 330 km au sud du Caire, près de Tell el-Amarna...

Une équipe franco-anglaise d’archéologues vient peut-être de trouver le chaînon manquant pour comprendre comment les Égyptiens ont pu, sans grues, ni camions, édifier ces colonnes de pierres aussi hautes et aussi complexes que Kheops et ses 2 millions de blocs de calcaire empilés sur 139 m de haut et 230 m de large. Cette solution, c’est une rampe glissière !
C’est en recherchant des inscriptions rupestres d’une époque bien plus récente que celle de Kheops qu’ils sont tombés dessus par hasard. « Cette rampe est creusée dans le sol, elle mesure 3 m de large et sa pente est très raide : 20 % », détaille l’égyptologue Yannis Gourdon.

Autre découverte majeure : la rampe est encadrée de deux volées de marches, où à intervalles réguliers sont positionnés des trous d’environ 70 à 80 cm de diamètre : « Ils permettaient sans doute d’y installer des poteaux. Et ce jusqu’à 1 m de profondeur, ce qui laisse penser qu’il s’agissait de tirer des blocs très, très lourds », précise le codirecteur de cette mission.
Un mécanisme de halage ? Pour le chercheur, cela ne fait guère de doute : « On est en présence d’un système de transport élaboré. » Et d’évoquer un scénario : celui d’un traîneau portant d’énormes blocs dont la progression aurait été favorisée par une couche de limon venue du Nil, enduisant la rampe et qui serait hissé par un système de contrepoids, « grâce à des cordes enroulées aux poteaux afin qu’il ne reparte pas en arrière ».
Encore 70 m à dégager
Le concepteur de Kheops, l’architecte Hémiounou avait-il connaissance de cette technique ? « C’est fort possible, car nous avons retrouvé deux inscriptions à même la rampe prouvant que celle-ci remonte au moins à l’époque de ce grand pharaon », précise le chercheur. Voilà qui oblige à revoir toutes les théories sur la construction des pyramides.
Jusque-là, on estimait les Égyptiens de l’Antiquité incapables d’apprivoiser des pentes de plus de 5 % à 7 %. Mais s’ils avaient des techniques permettant de maîtriser des masses très lourdes sur des pentes autrement plus pentues, cela change tout.

Pour l’instant, la rampe d’Hatnoub n’a été mise au jour que sur une trentaine de mètres. « Il reste encore 70 m à dégager, précise Yannis Gourdon, et des indices nous laissent à penser que, par endroits, son dénivelé est encore plus raide. » Hémiounou a-t-il transposé ce système pour Kheops ?
En tout cas, le chantier d’Hatnoub où s’activent 70 ouvriers est désormais sous haute surveillance des autorités égyptiennes. L’affaire est d’importance…
Source: www.leparisien.fr