Zoom sur cinquante ans d’évolution des conditions de vie des Français à l’heure où le pays célèbre le cinquantième anniversaire de Mai 68.

A l’heure où la France célèbre le cinquantième anniversaire de Mai 68, Les Décodeurs ont cherché à comprendre ce qui a changé dans la société et les conditions de vie des Français en un demi-siècle.
Des logements moins surpeuplés
+ 17 MÈTRES CARRÉS PAR PERSONNE
En 1968, la France commence à s’affranchir des difficultés de logement liées à l’après-guerre, mais le surpeuplement reste un souci majeur. Cette problématique n’a pas disparu actuellement, puisque la Fondation Abbé-Pierre compte encore près de 4 millions de personnes mal-logées, mais, en cinquante ans, la situation générale s’est améliorée. En effet, le parc de logement a augmenté trois fois plus vite (+ 76 % entre 1968 et 2013, selon l’Insee) que la croissance de la population (+ 28 %).
Avec le vieillissement de la population, et le changement de structures familiales, le nombre de personnes au sein de chaque ménage a diminué, alors que, dans le même temps, la surface des maisons augmentait. Selon une étude du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), chaque Français dispose aujourd’hui en moyenne de 40 m2, contre 23 m2 en 1970.

Toujours plus de propriétaires
En cinquante ans, la France est-elle devenue une nation de propriétaires ? La proportion de ménages qui ont acquis ou sont en train d’acquérir leur résidence principale a de fait nettement augmenté depuis 1968, passant de 42 % à 58 %. Sur la même période, le taux de locataires a lui diminué. Mais le plus notable est la baisse drastique des hébergements à titre gratuit : plus d’un ménage sur huit était logé par des proches (12,6 % en 1967) contre à peine 2,6 % actuellement.

La fin de l’inconfort
Non seulement les logements étaient en nombre insuffisant en 1968, mais ils étaient aussi loin d’avoir tout ce que l’on considère actuellement comme la norme minimale de confort moderne.
48 % DE LOGEMENTS SANS WC EN 1968
Depuis la seconde guerre mondiale, la modernisation s’était accélérée, mais en 1968, un logement sur dix était encore dépourvu d’eau courante et plus de la moitié n’avaient pas de salle de bain – des situations qui ont quasi disparu.

Frigo, télé, portable : l’ère de la consommation
« Consommez plus, vous vivrez moins » : les slogans de Mai 68 fustigeaient l’avènement de la société de consommation. L’appétence pour les objets modernes, décrite par Georges Pérec dans Les Choses dès 1965, n’a fait que se renforcer depuis.
En cinquante ans, la quasi-totalité des Français se sont dotés d’un réfrigérateur, d’un lave-linge ou d’une télévision. Et depuis les années 2000, de nouveaux équipements technologiques sont apparus et se sont généralisés : téléphone mobile, ordinateur…

– 60 % POUR LE BUDGET ALIMENTATION
Les habitudes de consommation des Français ont aussi beaucoup évolué. Si certaines dépenses sont restées relativement stables (culture et loisirs, transports, achat de meubles), d’autres ont nettement diminué. L’alimentation, principale charge des ménages en 1968, est passée de 21 % du budget à seulement 13 % en 2014, en raison de l’industrialisation de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Autre enseignement : les sommes consacrées au tabac et à l’alcool ont été divisées par trois sous l’effet des campagnes de santé publique.
En revanche, le logement et l’énergie coûtent de plus en plus cher aux Français, et les dépenses de télécommunications, quasi inexistantes en 1968, représentent aujourd’hui plus de 4 % de leur budget.

La démocratisation de l’éducation
Le confort des logements ou la consommation ne sont pas les seuls changements opérés dans la société française en cinquante ans. Parmi les évolutions les plus notables figure la généralisation des études secondaires puis supérieures.
QUATRE FOIS PLUS DE BACHELIERS
En 1968, le baccalauréat était encore un diplôme rare et précieux : cette année-là, seuls 19 % des jeunes Français l’ont obtenu – et encore, ce chiffre est plus élevé que les années précédentes, car l’examen ne s’est déroulé qu’à l’oral, en raison des grèves et des « événements » du printemps.
En 1969 apparaît le baccalauréat technologique, qui doit orienter vers les Instituts universitaires et technologiques (IUT) ou les sections de techniciens supérieurs. Mais ce n’est qu’en 1985 qu’apparaissent les baccalauréats professionnels. Désormais, toutes filières confondues, près de 80 % d’une classe d’âge décrochent le bac.

695 000 ÉTUDIANTS EN 1968
Longtemps réservé à une élite, l’accès aux études supérieures s’est ouvert rapidement dans les années 1960 : le nombre d’étudiants a quadruplé en dix ans, passant de 227 000 en 1958 à 695 000 à la rentrée 1968, notamment à la faveur de la création des IUT, qui ont rassemblé 110 000 élèves dès leur première année, selon des données du ministère de l’éducation nationale. Depuis, le nombre d’étudiants n’a cessé d’augmenter en France. Ils étaient plus de 2,5 millions à la rentrée 2017-2018.

Source: www.lemonde.fr