Zoom sur ces secteurs qui recrutent des femmes, guide « Ces secteurs qui recrutent » pour l’année 2018

Le CIDJ publie son Guide « Ces secteurs qui recrutent » pour l’année 2018 et se penche comme chaque année sur l’emploi des femmes. Acteur de l’orientation, le Centre fait le point sur les déséquilibres entre les secteurs et nous rappelle l’urgence de mettre en place plus d’actions en faveur de la mixité des métiers face aux forts besoins en main d’oeuvre de beaucoup de secteurs.
Dans quels secteurs les femmes sont-elles les plus représentées ? A quel type de postes ? Quels sont les métiers qui recrutent des femmes ? Explications avec Michel Tardit, Chargé de veille au CIDJ et coordinateur du guide.
La question de la mixité des métiers est régulièrement abordée par le Centre d’information et de documentation jeunesse. A l’occasion de la sortie de son Guide « Ces secteurs qui recrutent » édition 2018, le CIDJ s’est penché sur la soixantaine de secteurs qui embaucheront cette année à travers 22 fiches détaillées. Et avec pour chaque fiche, un focus sur la place des femmes dans le secteur concerné. « Il s’agit pour le CIDJ de répondre concrètement aux questions que se posent les jeunes filles lors de leur orientation » explique Michel Tardit, Chargé de veille au CIDJ et coordinateur du guide.
« Nous souhaitions mettre en rapport les chiffres clefs du secteur, notamment en termes de perspectives de recrutement des femmes. Notre volonté est également de donner des clefs aux professionnels de l’orientation et de l’insertion dans leur démarche d’information et de conseil envers les jeunes. Mais aussi, que les recruteurs de secteurs traditionnellement masculins s’interrogent sur leurs pratiques ».
Ces secteurs qualifiés qui recrutent où les femmes sont plus présentes que les hommes
Les femmes sont très présentes dans les carrières de l’enseignement, mais plus le niveau s’élève, moins elles sont présentes. Ce secteur est touché par des départs à la retraite massifs. Pour preuve, 25 500 postes étaient ouverts au concours cette année. En élémentaire et secondaire, les femmes sont majoritaires, mais dès que le niveau s’élève, comme dans l’enseignement supérieur, elles sont moins de 40 %.
Le secteur de la santé recrute avec 20 000 projets de recrutement chaque année (chiffres BMO). Les infirmières y représentent 87 % des effectifs. « 8 infirmiers sur 10 sont des femmes et bientôt, 1 médecin sur 2 sera une femme. Beaucoup d’hommes médecins sont en effet proches de la retraite » commente Michel Tardit. Sur la population de cadres, la part des projets de recrutements dans le secteur santé-social avec 13 000 à 14 000 postes en 2018 (médecins, psychologues, éducateurs…) dont 44 % de jeunes.
Les femmes sont également très présentes dans les fonctions de gestion et administration des entreprises (compta, finance, RH…).
« La part de l’emploi féminin y est en hausse, notamment chez les cadres où elle pourrait atteindre 57 % à l’horizon 2022. L’Apec annonce d’ailleurs près de 25 000 recrutements de cadres dans ce secteur pour 2018, dont 60 % concerne des jeunes ».
La bancassurance entre dans une période de « turbulences » avec la fermeture grandissante d’agences. Malgré tout, ces deux secteurs restent d’importants recruteurs : 17 000 à 18 000 projets de recrutements de cadres en 2018 dont 40 % de jeunes. Les femmes y sont majoritaires dans les effectifs et les recrutements.
Ces secteurs qualifiés qui emploient plus d’hommes que de femmes
Les secteurs informatique/numérique, commerce/vente, ingénierie/R&D, affichent de d’importants volumes de recrutements en 2018. Dans le numérique, on annonce entre 54 000 et 58 000 projets de recrutements de cadres. Cependant, les femmes y représentent moins de 30 % des effectifs. Pourquoi ?
« Dès l’orientation, le constat est évident dans cette filière : les jeunes filles sont peu présentes et la tendance est à la baisse alors que les besoins sont en hausse » explique Michel Tardit.
La fonction commerciale reste elle-aussi très « masculine » alors que les besoins en recrutement sont très importants.
« Nous constatons que les jeunes filles qui étudient en grandes écoles de management sont majoritairement recrutées par des entreprises de l’agroalimentaire et du commerce par la suite » relève le coordinateur du Guide.
En R&D, les femmes représentent 30 % du personnel de recherche.
« Globalement, elles sont majoritairement plus présentes en recherche publique que privée, dans lesquelles elles occupent des postes de soutien. Dans le privé, elles sont plus présentes dans les industries chimiques (46 %) et pharmaceutiques ».
« Les choses n’ont pas franchement bougé depuis des années »
Alors que plusieurs secteurs dont l’industrie et le numérique ont mis en place des actions en faveur de la mixité, et que la politique du gouvernement s’est durcie envers les entreprises qui ne respectaient pas la parité, il paraît étonnant que les choses n’aient pas changé ces dernières années.
« Nous n’avons pas été surpris de découvrir les secteurs dans lesquels les femmes sont présentes : la majorité des femmes exercent toujours dans seulement 12 familles professionnelles sur 87. Beaucoup de secteurs sont toujours genrés, c’est pourquoi il y a un gros travail à mener sur l’orientation, les préjugés, la manière dont on aborde les différents secteurs d’activités » analyse Michel Tardit.
C’est encore plus flagrant sur les métiers peu qualifiés, pour lesquels les femmes sont surreprésentées : les aides à domicile (97 % de femmes) et les aides-soignants. Ces secteurs affichent parmi les plus importantes perspectives de créations d’emploi du fait des besoins de la société et des départs massifs à la retraite. Idem dans le domaine de la propreté, avec une grosse présence féminine sur des emplois non qualifiés et des besoins en recrutement massifs.
Dans l’hôtellerie restauration ou le commerce, là encore l’emploi féminin est moins qualifié et concentré sur les métiers suivants : employées d’étage, employées polyvalentes, aides de cuisine, employées libre-service, caissières, vendeuses…
« En d’autres termes, l’emploi féminin est concentré sur des métiers peu qualifiés, affichant des conditions de travail précaires, difficiles, mais qui font l’objet d’importants besoins en recrutement » conclut le coordinateur du guide.
Rééquilibrer les secteurs est possible
Pourtant, plusieurs secteurs comme l’informatique, le numérique, le commerce / vente ou encore l’industrie cherchent à recruter plus de femmes et mettent en place des leviers afin de les attirer.
Certains secteurs se sont dotés de dispositifs de formations diplômantes et qualifiantes : CAP, Bac Pro, BTS et même des Masters… Pour le secteur de la propreté, du commerce, de la vente, des CQP (Contrats de Qualification Professionnelle) ont été mis en place pour former les personnes faiblement qualifiées.
D’autres secteurs ont lancé des plans mixité notamment le numérique qui a signé le sien le 31 janvier 2017. La Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) a également signé un plan et a pour objectif d’atteindre un tiers de métiers mixtes en 2025 contre 11 % actuellement. Et dans le BTP, les femmes occupent 32 % des postes cadres (ingénieurs, cheffes de chantier, architectes…). Et le secteur du commerce recrute plus de femmes que d’hommes diplômés des grandes écoles.
Reste aux secteurs très féminisées à « apprendre » à recruter des hommes, population dont ils ne peuvent plus se passer s’ils veulent combler leurs forts besoins en main d’oeuvre. Les frémissements sont là :
« Dans la petite enfance par exemple, des jeunes hommes intègrent peu à peu les crèches (1,5 voire 2 % de professionnels hommes) comme auxiliaires de puériculture et éducateurs de jeunes enfants » illustre Michel Tardit.
Source: www.blog-emploi.com