Près de la moitié des jeunes souhaitent entreprendre, selon une étude menée par OpinionWay pour l’Union des auto-entrepreneurs et publiée à l’occasion du salon des entrepreneurs. Mais leurs ambitions sont différentes de celles de tous les Français…
Le Salon des entrepreneurs, qui se déroulera à Paris les 7 et 8 février prochains, fête ses 25 ans, et publie à cette occasion une enquête sur l’envie d’entreprendre des Français. L’étude a été menée par OpinionWay pour l’Union des auto-entrepreneurs sur un échantillon représentatif de la population française de 2.051 personnes.
Et les chiffres sont éloquents : un Français sur quatre dit avoir envie d’entreprendre. Chez les jeunes, cette envie est encore plus forte, puisque les 18-24 ans sont 46% à l’exprimer. Xavier Kergall, directeur général du Salon des Entrepreneurs, explique cela par la “starification” récente des entrepreneurs. “Aujourd’hui, les jeunes ont des idoles, des Niel ou des Zuckerberg, à qui ils peuvent s’identifier, et ils se disent que tout le monde peut tenter sa chance”, décrypte-t-il.
Et d’ajouter : “En 25 ans, l’entrepreneuriat s’est démocratisé. On s’est affranchi de la notion de filiation, d’artisanat qui se transmet de père en fils”. Une démocratisation qui peine encore à toucher toutes les couches de la population, raison pour laquelle le Salon consacre une conférence aux entrepreneurs des quartiers, au cours de laquelle cinq lauréats du Concours Talents des Cités témoigneront et donneront des conseils à ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure.
Les femmes aussi
Pour la première fois dans ce baromètre, les femmes sont autant à avoir envie de créer leur entreprise que les hommes, soit 25%. “Mais pour le moment, seulement 30% des entreprises sont créées par des femmes”, rappelle Sandra Le Grand, fondatrice de Yapuka. Une conférence nommée “En avant toutes !” sera consacrée à l’entrepreneuriat féminin lors du salon.
Si les Français sont aussi enthousiastes à l’idée de créer leur entreprise, c’est avant tout par envie de “se sentir plus autonome” (46%) et de “donner plus de sens à sa vie” (38%). Des motivations nobles, qui changent néanmoins quand on se penche sur les réponses des jeunes. Les 18-24 ans sont en effet 51% à avoir envie de lancer leur entreprise… pour gagner plus d’argent !
Irréaliste, la jeune génération ? “La communication autour des levées de fonds est dangereuse, accuse Xavier Kergall. Il faut rappeler aux jeunes que le plus important est de se focaliser sur le chiffre d’affaires !”. Et aussi que, si quelques entrepreneurs parviennent effectivement à faire fortune, le chemin est long, et fatal pour une partie d’entre eux…
Une génération de slasheurs ?
Cependant, même si leurs ambitions sont grandes, les jeunes semblent garder les pieds sur terre : 53% des moins de 35 ans imaginent lancer leur entreprise tout en poursuivant une autre activité. 14% d’entre eux se voient par ailleurs en slasheurs, qui cumuleraient le lancement d’une entreprise avec plusieurs activités.
Les Français se projettent en outre en entrepreneurs solitaires, puisque la grande majorité (56%) opterait pour le statut de micro-entrepreneur (ex auto-entrepreneur). Seulement 14% envisagent de se lancer à plusieurs.
Autre fait marquant de cette étude, 84% des interrogés assurent que l’accès aux mêmes droits que les salariés (assurance maladie, chômage, retraite) les inciteraient à concrétiser leur projet . “Les entrepreneurs veulent qu’on les traite comme des adultes, et en France cela se traduit par l’obtention d’un CDI, toujours nécessaire pour emprunter de l’argent par exemple”, regrette François Hurel fondateur et président de l’Union des auto-entrepreneurs.
Par Déborah Loye
Source: www.start.lesechos.fr