De l’amateur passionné au pilote confirmé, 456 aérostiers de 45 nationalités ont bravé une météo capricieuse cette semaine près de Metz, en Lorraine, pour battre le record de décollages en ligne lors de la 15e édition du «Mondial Air Ballons», le plus grand rassemblement de montgolfière au monde.
Il est 6 heures vendredi matin dans le ciel lorrain et après avoir reporté la tentative de records à deux reprises à cause d’un vent capricieux, la direction des vols a profité d’une accalmie pour autoriser l’envol.
Sur le terrain de l’ancienne base de l’OTAN de Chambley-Bussière (Meurthe-et-Moselle), les enveloppes multicolores des 456 montgolfières s’alignent sur près de 6 kilomètres avant d’être raccordées à leur nacelle puis à un véhicule, pour éviter tout décollage intempestif lors du gonflement.
Pilotes et équipiers s’activent. A l’aide d’un ventilateur, ils remplissent les ballons d’air pour les dresser à la verticale. «Il n’y a jamais deux vols qui se ressemblent. On part enveloppe contre enveloppe, puis on est poussé par le vent. La montgolfière, c’est l’imprévu», s’enthousiasme Christophe Holvoet, pilote venu de Belgique. Son ballon jaune fluo mesure environ 17 mètres de haut, pour une capacité de 2.200 m3 d’air. La nacelle accueille le pilote et deux passagers.
Ce vieil habitué du rendez-vous prévient tout de même: «Le décollage, c’est un moment clef. Il faut s’éloigner prudemment des autres ballons, la visibilité à la verticale fait défaut.»
«Sur ce type de tentative, on décolle à quelques mètres les uns des autres. Il faut être extrêmement vigilant», confirme Eric Lorinet, pilote amateur depuis 27 ans venu de Montélimar (Drôme). «Deux ballons qui se touchent, ce n’est pas gênant. Mais si une nacelle rencontre une enveloppe, elle peut la déchirer», explique-t-il.
A 08H00 du matin, le départ est donné par la direction des vols. Le crépitement des brûleurs à gaz et les applaudissements des milliers de spectateurs scandent le début de cet impressionnant ballet aérien.
Une fois le stress du décollage passé, vient la tranquillité pour Christian Helvoet. «Il n’y a quasiment pas de sensation de vitesse dans une montgolfière. On peut profiter de la vue à 360°, c’est unique pour un objet volant», raconte cet ancien parachutiste en passant au dessus de rails de chemin de fer, de champs et de petits bois.
Le ballon de Christian va parcourir environ 5 km en un peu moins d’une heure avant de se poser dans un champ. Atterrissage réussi. Il ouvre une bouteille de champagne pour fêter ce qu’il espère être un nouveau record du monde.
- 'Un pau des vacances' -
Au QG du mondial, l’organisation exulte. Le record est battu. «C’est une grande fierté, car cet exploit, on y tenait beaucoup», commente l’organisateur de la biennale, Philippe Buron-Pilâtre, qui a fait constater par un huissier l’envol en ligne de 456 ballons, contre 433 lors de l’édition 2015.
Au total 3.000 pilotes et équipages venant de quarante-cinq pays vont s’envoler dans le ciel lorrain pendant le festival. Parmi eux, on croise plusieurs aéronautes renommés, comme le Suisse Bertrand Piccard, qui assure n’avoir raté aucune édition de ce rassemblement depuis son tour du monde historique en ballon sans escale en 1999.
«Il n’y a aucun autre endroit au monde où on peut s’envoler aux côtés de 450 montgolfières comme nous venons de le faire», souligne-t-il, enthousiasmé par ce «jeu avec la nature».
Venus avec des amis, il estime que le rassemblement à Chambley est avant tout une aventure collective, à la différence d’un projet plus personnel et exigeant comme Solar Impulse: «C’est un peu des vacances», s’amuse-t-il.
Des vacances qui se terminent le 30 juillet. Selon les organisateurs, 400.000 personnes auront alors foulé le sol de la base aérienne.
Source: www.liberation.fr