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Un président arrive, un autre s’en va : récit d’une passation des pouvoirs solennelle

« Bon courage ! », a lancé François Hollande à Emmanuel Macron, son ex-conseiller et ministre, avant de quitter l’Elysée. Hommage appuyé aux armées, pompe républicaine : le nouveau chef de l’Etat avait organisé la journée au cordeau.


Du soleil et de la pluie. Un président qui arrive, un autre qui s’en va. L’ivresse contenue de la victoire, la mélancolie d’un départ. Le désir et l’espérance d’un côté. Déjà, la nostalgie du pouvoir de l’autre. Un homme jeune, pas même 40 ans, qui ambitionne de révolutionner la vie politique française ; un autre, âgé de 62 ans, qui a toujours cru au « système ». Des émotions et des sentiments mêlés flottaient sur ce dimanche 14 mai. L’une de ces journées, singulières et saisissantes, qui font l’Histoire.

Confortablement élu face à Marine Le Pen le 7 mai, le huitième président de la Ve République pensait depuis longtemps à cette passation des pouvoirs, ce sacre républicain, il a tout prévu. Il est 10 heures et une minute quand Emmanuel Macron pénètre en voiture dans la cour d’honneur de l’Elysée. François Hollande l’attend en haut du perron. Le nouveau président remonte à pied le tapis rouge, tourné vers la garde républicaine, sans jeter un regard vers les photographes.

Son aîné, qui l’a nommé ministre il y a trois ans, et fut son patron à l’Elysée, le regarde avancer, un léger sourire sur les lèvres et les yeux embués, où l’on devine tant d’arrière-pensées, de l’admiration et des regrets. Emmanuel Macron, qui veut marquer sa future présidence de solennité, rompre avec le quinquennat précédent, marche très lentement, comme au ralenti. Puis, le duo échange une poignée de main, avant de gagner le bureau présidentiel, au premier étage du palais.

Pour ses derniers instants à l’Elysée, en 1995, François Mitterrand avait reçu un vieil adversaire politique, l’ancien patron du Figaro Jean d’Ormesson. Devant un thé et des œufs brouillés, les deux hommes avaient parlé de la maladie et du pouvoir. L’académicien avait cité un passage de l’Ecclésiaste : « Il y a pour tout un moment et un temps pour toute chose sous le ciel : un temps pour enfanter et un temps pour mourir. » « Mitterrand, avec son cynisme...


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