Nombreux sont les étudiants marocains sur les bancs des grandes écoles françaises. Comment expliquer cette tendance? Et pourquoi, une fois diplômés, ne sont-ils pas toujours enclins à rentrer au Maroc ?

Plus de 35.000 marocains poursuivent leurs études en France, formant ainsi la première communauté d’étudiants venant de l’étranger. L’évolution de ce phénomène est par ailleurs forte et constante avec une augmentation de 10% environ du nombre d’étudiants marocains en France entre 2010 et 2014*. Ils font souvent le choix de cursus exigeants et réussissent très bien dans leurs études, en intégrant des grandes écoles de commerce type HEC, Essec ou ESCP Europe, ou encore Sciences Po, Dauphine, mais aussi, et surtout, les écoles d’ingénieurs les plus prestigieuses, comme Polytechnique, Mines-Ponts, l’Ecole Centrale, etc…
Des élèves très motivés
Les élèves marocains sont-ils plus brillants que les autres ? La question ne se pose pas vraiment en ces termes. Par rapport aux autres étrangers, ces élèves ont un atout majeur : ils sont francophones. Ils ont été scolarisés dans les écoles de la Mission Française et ont étudié en français. Pour cela, ils ont dû passer un test, attendre parfois plusieurs années en liste d’attente pour pouvoir enfin y accéder. Et cette scolarité est loin d’être gratuite.
C’est un parcours du combattant et un investissement ! Aussi, lorsque l’on intègre la Mission Française, on se doit d’assurer. Au Lycée, les élèves sont soumis à une très forte pression, parentale notamment. Pas le droit à l’échec. Il faut la mention TB et un excellent dossier pour être assuré d’obtenir une bonne prépa et intégrer une école prestigieuse. Motivés et sur-boostés, notamment par de nombreux cours particuliers, ils suivent la voie royale : celle des sections scientifiques. Au lycée Lyautey, à Casablanca, sur 18 classes de Terminale, il y a 1 seule Terminale L (littéraire), pour 6 Terminales ES (économie et sciences) et 11 Terminales S (sciences).
Si c’est majoritairement vers les sciences que ces étudiants sont poussés, c’est dans l’idée de leur faire suivre des formations d’ingénieurs. Pour le prestige. Mais aussi parce que c’est ce qui devrait leur permettre de trouver rapidement un emploi. La croissance économique et l’engagement dans un processus d’industrialisation dans des domaines stratégiques comme les énergies, l’aéronautique, l’automobile ou encore les nouvelles technologies de l’information et de la communication nécessitent des ressources humaines hautement qualifiées.
Les Marocains formés dans des écoles d’ingénieurs de prestige ont donc, a priori, la certitude de trouver un emploi intéressant, à forte rémunération, en retournant après leurs études vivre dans leur pays, auprès de leurs proches et en accord avec leurs principes et leur culture.
Rester ou rentrer ?
Cependant, à l’issue de leur formation ces étudiants ne rentrent pas tous au pays, loin s’en faut. Pourquoi ? Les raisons sont multiples. Les perspectives d‘emploi ne paraissent pas si claires, ou aussi attractives que d’autres en France. Les niveaux de rémunération au Maroc sont inférieures à celles à auxquelles ils pourraient prétendre en France.
Le style de vie, synonyme d’autonomie et de liberté, loin de la famille, du tberguig et des contraintes légales de la religion peut aussi peser lourd dans la balance. Certaines écoles, conscientes de ce phénomène, ont décidé de s’implanter au Maroc pour que les jeunes marocains puissent se former au Maroc et trouver leur premier emploi au Maroc.
C’est le cas de l’Ecole Centrale mais aussi de l’EM Lyon et récemment de l’Essec. Parallèlement, des entités se sont formées pour rapprocher les jeunes marocains diplômés en France des grandes entreprises marocaines pourvoyeuses d’emplois.
Des anciens des grandes écoles ose sont rassemblés en Associations, au Maroc, pour que les liens se tissent, que les informations circulent et des opportunités se créent. Et surtout pour que le Maroc puisse bénéficier de ces talents qu’il a vu naitre, pour que ces jeunes dynamisent l’establishment marocain et permettent la réelle émergence de leur pays.