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Le syndrome de l’expatrié à long terme

Parfois, le retour au pays est si difficile que les anciens expats préfèrent vite reprendre le large. En cause : la durée de plus en plus longue du séjour à l’étranger, le mauvais accompagnement des entreprises et les enfants.


Après avoir baroudé plus de quinze ans à travers l’Asie, du Japon à Singapour en passant par l’Australie, Helen, mariée à un chef italien, a voulu rentrer chez elle, dans son Canada natal. Pour aussitôt réaliser d’avoir pris la mauvaise décision : elle avait oublié combien l’hiver était long dans son pays, qui avait, de plus, considérablement changé pendant son absence.


Elle s’était trop habituée à la vie trépidante des grandes métropoles asiatiques. Aussitôt rentrée chez elle, sa première réaction a été de repartir de nouveau : aujourd’hui, elle vit au Cambodge, où son mari a retrouvé du travail.

Expatrié un jour, expatrié pour toujours ? Dans une longue enquête publiée dans sa section Capital, la BBC s’intéresse justement au sort des expatriés à long terme comme Helen pour constater combien ces “retours au pays” sont difficiles et, dans certains cas, impossibles. L’enquête rappelle que le profil des expatriés a, pour commencer, beaucoup évolué : le type “classique”, celui du cadre envoyé à grands frais à l’étranger pour une période d’un à trois ans et qui revient chez lui avec une belle cagnotte, a vécu. Aujourd’hui, les expatriés trouvent eux-mêmes leur job à l’étranger et y restent longtemps, beaucoup plus longtemps.


Reprendre le large


“Ces expatriés à long terme n’arrivent pas à s’acclimater à leur nouvelle vie dans leur ancien foyer, c’est un nouveau choc culturel. Beaucoup d’entre eux reprennent la route”, confirme Nicola McCaffrey, un psychologue interrogé par la BBC. Aussi, même pour les expatriés plus traditionnels, peu de choses sont organisées par leur employeur, pourtant très généreux et prévenant lors de leur départ, pour faciliter leur retour. Ils semblent livrés à eux-mêmes, comme s’il allait de soi de rentrer à la maison après un long séjour à l’étranger. Les quelques études sur le sujet confirment que ces derniers préfèrent quitter leur entreprise après quelques années pour de nouveau prendre le large, cette fois-ci à leur compte.


L’équation devient encore plus compliquée lorsqu’on y ajoute les enfants nés à l’étranger. Ces enfants, appelés par la sociologue américaine Ruth Hill Useem les “enfants de troisième culture” (third culture kids, TCK), eux-mêmes souvent issus de parents mixtes, ont passé leurs années formatrices dans un pays tiers. Et pour eux l’idée même de “retour à la maison” a un sens radicalement différent que pour la plupart de leurs camarades.




 
 
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