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Pourquoi la mort des célébrités – qu’on ne connaissait pas le moins du monde – nous affecte-t-elle ?

Acteurs, musiciens, personnalités diverses… ils nous ont quitté brusquement et cela nous fait de la peine. Au delà de la raison objective : nous ne les connaissions pas.


Comme chaque année, plusieurs célébrités sont décédées en 2016, et certaines nous ont particulièrement ému : Pierre Tchernia, Michèle Morgan, Prince, David Bowie, George Michael … Dernièrement Carrie Fisher, qui restera à nos yeux, l’éternelle « princesse Leia ».


Mais d’où nous vient cette étonnante tristesse à l’égard de parfaits inconnus ? Nous ne les fréquentions pas dans la « vraie vie », ils étaient peut-être des salauds, vaniteux, suffisants, pervers narcissiques, allez savoir ?

Pourtant, nous leur accordons, hors quelques-uns semble-t-il, d’emblée et sans condition, une sympathie au moment où ils nous quittent. Comment expliquer ce mystère ?


1- Nous sommes stupéfaits et déçus


Ils étaient immortels, transcendants : extérieurs et supérieurs, par la magie du grand et petit écran. Mais cette éternité prend fin, brutalement, sans crier gare. Déjà ?


Ils meurent aussi ? Alors ce sont des hommes et femmes, comme nous ? Une évidence bien sûr, mais pas pour notre imaginaire qu’ils nourrissaient. Ils étaient aussi intouchables qu’intemporels. Des idoles, des icônes modernes, inaccessibles, intouchables, immortelles. Quel dur retour à la réalité et énorme accroc dans la pensée magique.


2- Nous sommes privés


Egoïstes, nous pleurons aussi leur talent qui nous manquera. Jamais plus nous ne profiterons de leur créativité musicale, leur inventivité humoristique, leurs innovations narratives… C’est une déception d’égoïstes qui nous étreint ! Leur oeuvre demeure, à jamais. Consolation, mais désolation pour les fans, toujours en manque de leur fournisseur.


3-Nous sommes réellement touchés par proximité déléguée


De fait, ces anonymes ont eu un impact réel et récurrent sur nos vies ! Sans nous parler, ils ont crée des émotions fortes sur des périodes importantes (l’enfance, l’adolescence…). Nous les avons vus ou écoutés souvent. Qui dans votre famille peut en dire autant ? La loi du sang ou du droit ne peuvent rivaliser avec celle de l’émotion et la répétition. Que les médias s’en rappellent !

4- Nous nous rappelons notre destin


En perdant ces anonymes qui ont construit une part de notre passé, nous éprouvons brutalement l’effet du temps. Ils nous ont marqué à jamais le temps d’une chanson, d’un film, d’un livre ou un poème. Ils étaient inscrits dans nos archives émotionnelles et semblaient intacts, comme notre esprit. Leur mort nous rappelle au présent et à la matière. Ce que nous pleurons en fait avec ces anonymes, c’est notre passé (toujours enjolivé par le mécanisme de la « cristallisation stendhalienne ») et notre futur, inéluctable : la mort.


5- Nous éprouvons du plaisir à la tristesse


Comme le dit très bien l’un des personnages du génial « Westworld », « laissez-moi ma peine, c’est tout ce qu’il me reste d’elle/lui ». La nostalgie et la commémoration sont ambivalentes : douces et amères. Joie de la résurrection mémorielle. Douleur de sa fugacité et frustrante impalpabilité. C’est la nostalgie, forme moderne du masochisme de nos sociétés vieillissantes.

En fait, les décès de ces « étrangers familiers » nous touchent et nous affectent plus que de mesure car ils nous rappellent au temps, cette donnée que nous faisons tout pour évacuer, car une des seules que nous ne pouvons maîtriser.



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