Le système de navigation Galileo, désormais couplé à l’américain, entre en service jeudi. A la clé : l’indépendance technologique de l’Europe et des retombées économiques.

Top départ. Depuis jeudi 15 décembre, le Global Positioning System (GPS) américain n’est plus seul à guider votre voiture ou à vous aiguiller dans la rue. Galileo propose lui aussi ses services. Désormais, le système de navigation européen est couplé à l’américain, la géolocalisation se fait grâce à des signaux provenant des deux constellations de satellites.
Certes, pour le moment, à peine quelques milliers d’happy few peuvent bénéficier de la technologie européenne. Il faut pour cela posséder un smartphone équipé de la puce interopérable avec le GPS : pour l’heure, seuls les détenteurs d’un smartphone Aquaris X5 Plus du constructeur espagnol BQ pourront utiliser les services de Galileo.
La montée en puissance du système européen est donc liée à la fabrication de ces puces et à leur intégration dans les équipements (téléphones, objets connectés, voitures…). Laissant ainsi le temps au déploiement total de la constellation d’ici quatre ans.
Avec quinze satellites opérationnels – sur la trentaine prévue d’ici à 2020 –, Galileo s’installe dans un monde dominé par les Etats-Unis, mais où sont déjà présents la Russie avec Glonass et la Chine avec Beidou. A ces quatre acteurs d’envergure mondiale, s’ajoute l’indien IRNSS, qui devrait en 2017 proposer une couverture régionale.
"Nous courons beaucoup plus vite"
« Nous partons en retard mais nous courons beaucoup plus vite », estime Jean-Yves Le Gall, le président du Centre national d’études spatiales (CNES) en évoquant ce programme européen de plus de 10 milliards d’euros qui vise à ne plus dépendre des Etats-Unis. Lancé en 1999, Galileo a pris six ans de retard sur son calendrier initial et a connu de multiples déboires. Pourtant, les Européens en sont convaincus : les avancées technologiques feront la différence. Déjà, la précision est meilleure, dix fois supérieure à celle des Américains : moins d’un mètre contre dix mètres.
Autre atout, la constellation européenne aura un satellite visible de n’importe où sur Terre 90 % du temps et son signal pourra être authentifié afin d’éviter les leurres, ce dont ne disposent pas les concurrents. Une sécurité indispensable pour les professionnels et les applications gouvernementales dans des secteurs comme la sécurité et la défense. Pour leurs besoins, la géolocalisation sera aussi beaucoup plus fine (proche du centimètre) que pour les services civils.
Les débouchés commerciaux sont nombreux : des services seront consacrés au grand public par l’intermédiaire des smartphones, mais aussi aux sociétés de transport (maritimes, ferroviaires, routiers, aériens), aux géomètres, aux exploitants agricoles, aux fournisseurs d’énergie ou encore aux banques. Et les applications iront croissant.
Selon les prévisions de la Commission européenne, les services liés à des systèmes de positionnement par satellites, qui représentent 10 % du produit intérieur brut européen, pourraient monter à 30 % en 2030 avec, en particulier, le développement de la voiture autonome et des objets connectés. De plus, beaucoup d’applications à venir sont encore inconnues, l’imagination dans ce domaine étant sans limite. Pour M. Le Gall, « nous avons mis en place le décor de la pièce, les acteurs sont les industriels, à eux de jouer dans un théâtre bien meilleur que les autres ».
Source: www.lemonde.fr