S’il existe de plus en plus de filets de sécurité pour vous calculer votre pension le plus précisément possible, des erreurs subsistent. Voici les points sur lesquels vous devez être particulièrement vigilants.
Lorsque vous partez à la retraite, normalement vous savez déjà quel montant de pension vous pourrez obtenir. Mais la question est de savoir : est-ce que la somme versée est la bonne ? Des erreurs ont-elles été faites au moment du calcul de ma pension ?
Car si aujourd’hui il existe de nombreux dispositifs pour éviter au maximum les erreurs et que vous disposez de nombreux outils pour connaître vos droits à la retraite, tout n’est pas infaillible.
“Vous ne devez pas prendre pour argent comptant toutes les informations données par vos caisses de retraite, prévient Dominique Prévert, du cabinet spécialisé Optimaretraite. On retrouve encore un gros nombre d’erreurs et lorsque vous recevez vos documents il faut prendre le temps de les étudier”, conseille-t-il.
Cet expert les classes en deux catégories avec d’un côté ce qu’il appelle les “fausses erreurs” c’est-à-dire qui ne prennent pas en compte totalement la réalité de votre carrière car certains éléments n’ont pas été déclarés, et de l’autre les erreurs pures de calcul.
D’où l’importance de bien conserver tous vos documents qui pourront vous servir de preuves pour corriger ces erreurs et récupérer quelques euros qui, mis bout à bout, peuvent représenter une somme conséquente.
Manque des trimestres pour enfants
Lorsqu’à différentes étapes de votre vie active vous recevez votre relevé de carrière, les trimestres auxquels vous avez droit pour la naissance d’un enfant peuvent parfois ne pas apparaître.
Pour rappel dans le privé vous avez le droit à une majoration de 8 trimestres par enfants, contre 2 trimestres dans le public pour les enfants nés après 2004 ou 4 trimestres pour ceux nés avant. Souvent, si vous contactez votre caisse pour vous étonner de ne pas les voir apparaître, la réponse est qu’ils seront pris en compte au moment de la liquidation de votre pension.
Cependant, il se peut qu’au final ce ne soit pas le cas. Résultat, vous pouvez subir une décote sur votre pension car ces trimestres n’ont pas été pris en compte alors que vous aviez le droit de toucher une retraite à taux plein.
Oubli des trimestres de service national
Le service militaire est pris en compte pour le calcul de la retraite. Sauf que, comme pour les trimestres pour enfants, ces droits n'apparaissent pas toujours dans votre relevé de carrière.
Chaque période de 90 jours effectués permet de valider un trimestre. Il faut bien vérifier, au moment de liquider votre pension, qu’ils apparaissent. Si ce n’est pas le cas, mieux vaut avoir conservé les documents prouvant cette activité comme un “extrait des services” qui s’obtient auprès du bureau des archives militaires de Pau.
Pas de prise en compte des périodes travaillées à l’étranger
Pendant votre carrière, vous avez peut-être travaillé à l’étranger. Si vous étiez dans un pays appartenant à l’Union européenne ou ayant signé une convention bilatérale avec la France, vous avez ouvert des droits à la retraite lors de cette période. Or il est possible que ces droits ne figurent pas sur votre relevé de carrière.
Là encore, mieux vaut avoir gardé les documents prouvant ces périodes travaillées et vérifier quels sont vos droits en fonction du pays dans lequel vous avez travaillé.
Pas de report des points Agirc-Arrco en cas de chômage indemnisé ou d’arrêt maladie
Lorsque vous êtes au chômage et que vous êtes indemnisé, des points vous sont attribués par la caisse de retraite des salariés du privé Agirc-Arrco. Chaque jour indemnisé par Pôle emploi compte pour l’attribution des points de retraite. C’est votre salaire journalier de référence qui sert de base à la caisse de retraite pour calculer ce nombre de points.
Toutefois, il peut arriver que ce soit le montant de votre indemnité qui soit pris en compte pour le calcul de votre retraite et non votre salaire de référence. Pour bien vous assurer que ce n’est pas le cas, regardez s’il n’y a pas d’écart entre le nombre de points qui vous a été attribué lors de votre période travaillée avant le chômage et pendant cette période d’inactivité.
La situation peut se produire également en cas d’arrêt maladie. Dans ces circonstances, vous bénéficiez de points retraite même si vous ne cotisez pas. Ces périodes doivent être intégrées dans votre calcul de retraite au même titre qu’une période travaillée. Or parfois, pendant ces périodes, aucun point n’est attribué. Il est donc recommandé de conserver tous les documents prouvant les dates de votre arrêt de travail.
Oubli des petits boulots
Au début de votre carrière vous avez peut-être exercé des petits boulots ou des jobs d’été. Sachez qu’ils peuvent compter pour votre retraite. Mais il peut arriver que les droits que vous avez acquis lors de ces expériences ne soient pas comptabilisés ou que, depuis, votre employeur a fermé son entreprise.
Il vous faudra alors présenter vos bulletins de paie pour ces périodes pour prouver que vous avez bien cotisé et que donc vous avez ouvert des droits à la retraite.
Le passage au statut cadre n’est pas pris en compte
Pendant votre carrière, votre situation a évolué et vous êtes devenu cadre. Contrairement à la situation actuelle, avant 2019, la retraite complémentaire pour les non-cadres (Arrco) et celle pour les cadres (Agirc) n’avaient pas fusionné. Or au moment où vous passez cadre vous cotisez non seulement pour obtenir des points Arrco mais aussi Agirc.
Il peut parfois arriver que vos points Agirc ne soient pas pris en compte tout de suite et qu’il vous en manque. Mieux vaut donc vérifier dans votre décompte que la date des premiers points Agirc que vous avez obtenus correspond bien avec à celle à laquelle vous êtes passé cadre.
L’employeur a fraudé
Vous pensiez avoir cotisé pour votre retraite mais en fait ce n’était pas le cas, vous constatez qu’il y a un trou dans votre carrière alors que vous avez travaillé. C’est peut-être le signe que votre employeur a fraudé et n’a pas payé ses cotisations pour votre retraite. Vous n’avez donc pas de droit à la retraite pour cette période.
Logiquement, votre caisse de retraite ne peut pas savoir que vous avez exercé une activité pendant cette période. Dans ce cas là, vous devrez fournir votre bulletin de paie pour montrer votre bonne foi. La caisse de retraite pourra alors vous octroyer des points gratuitement.
Attention, cette possibilité existe pour les trimestres mais pas pour les points. Pour votre retraite de base cette période ne vous permet pas d’obtenir des trimestres et donc ces durées sont considérées comme perdues. Les bulletins de paie sont une preuve de votre bonne foi à condition, bien-sûr, que figure dessus les cotisations retraite versées.
La majoration pour trois enfants ou plus n’apparaît pas
Si vous êtes parents, attention à ne pas confondre deux dispositifs. D’un côté la naissance d’un enfant vous permet d’obtenir des trimestres “gratuitement” et de l’autre, si vous avez trois enfants ou plus, votre retraite est majorée.
Elle est de 10% pour les trois premiers enfants et augmente de 5% par enfant supplémentaire. Cette majoration est valable pour les deux parents, il faut vérifier si les deux membres du couple en bénéficient bien.
“Dans les dossiers que nous traitons en moyenne deux à trois fois sur dix cette majoration est oubliée”, constate Dominique Prévert d’Optimaretraite.
Le malus Agirc-Arrco est appliqué à tort
Depuis le 1er janvier 2019, si vous prenez votre retraite au moment d’atteindre l’âge du taux plein, pendant 3 ans votre pension subit une minoration de 10%. Pour éviter ce malus, vous devez repousser votre départ à la retraite d’une année. Mais il peut arriver que l’on vous applique ce malus alors que vous êtes exclu de ce dispositif notamment si vous avez un taux de Contribution sociale généralisée (CSG) réduit.
Il peut vous arriver d’avoir à justifier que le malus ne doit pas vous être appliqué auprès de votre caisse de retraite complémentaire.
Un mauvais taux de CSG est calculé
À la retraite plusieurs taux de Contribution sociale généralisée (CSG) cohabitent. Le taux appliqué varie en fonction de votre revenu fiscal de référence (RFR). Un retraité seul est exonéré si son RFR est inférieur ou égal à 11.305 euros, il est de 3,8% pour un RFR compris entre 11.306 et 14.780 euros, de 6,6% pour un RFR entre 14.781 et 22.940 euros et de 8,3% pour 22.941 euros et plus.
“Si vous avez le droit à un taux réduit, vérifiez qu’il est bien appliqué car c’est un vrai sac de noeud pour vous y retrouver”, constate Dominique Prévert. Une telle erreur peut vous faire perdre plusieurs centaines d’euros par an.
Source: www.capital.fr
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